Jake Johnston critique la politique américaine en Haïti : L’inadéquation des fonds et l’insécurité persistante…

Jake Johnston du Centre de Recherche Economique et politique

MIAMI, jeudi 5 septembre 2024 Alors que le secrétaire d’État américain Antony Blinken a effectué une visite en Haïti où il a discuté du renforcement de la Police Nationale Haïtienne (PNH), les propos de Jake Johnston, analyste de la politique haïtienne, mettent en lumière les failles de l’approche américaine. Johnston souligne que, malgré les promesses de soutien, les États-Unis n’ont pas réellement investi dans le renforcement direct de la PNH, une institution essentielle dans un pays en proie à l’insécurité. « Le gouvernement américain ne donne pas de l’argent directement à la PNH », déclare Johnston, pointant du doigt un fait souvent ignoré. « Ils donnent de l’argent à des sous-traitants pour fournir des biens ou des services. »

Cette manière détournée de soutenir les forces de sécurité haïtiennes fait écho à une politique américaine critiquée pour son inefficacité à apporter des changements concrets sur le terrain. L’analyste observe que les sommes investies par les États-Unis pour soutenir les forces spéciales du Kenya (MSS) au cours des derniers mois surpassent de loin le budget annuel alloué à la PNH, ce qui met en lumière une disparité flagrante. « L’argent que les États-Unis ont dépensé pour le MSS du Kenya au cours des derniers mois dépasse largement le budget annuel de la police haïtienne », ajoute-t-il, soulignant l’inadéquation de l’approche américaine en Haïti.

Johnston est particulièrement critique à l’égard de la politique étrangère américaine, qu’il considère comme centrée sur les intérêts extérieurs plutôt que sur ceux d’Haïti. Il note que la dépendance à des sous-traitants étrangers, plutôt qu’à un financement direct des institutions haïtiennes, entrave l’amélioration des capacités locales. En effet, cette méthode de soutien indirect ne permet pas à la PNH de se renforcer de manière autonome et durable, laissant l’institution toujours vulnérable face à l’escalade de la violence des gangs et à la désorganisation.

L’insécurité en Haïti, exacerbée par la faiblesse des infrastructures policières et le manque de ressources directes, reste une menace majeure pour la stabilité du pays. Malgré les efforts apparents du gouvernement américain, Johnston estime que l’aide fournie n’a pas de réel impact sur la sécurité quotidienne des Haïtiens. « La stratégie actuelle des États-Unis ne conduit pas à des résultats tangibles pour la population haïtienne », déclare-t-il. Il reproche à la politique américaine de favoriser les acteurs privés et internationaux au détriment des besoins réels d’Haïti, ce qui perpétue un cycle de dépendance et d’instabilité.

Cette critique de Johnston fait écho à une frustration croissante parmi les observateurs de la crise haïtienne, qui voient dans les actions américaines un prolongement des échecs passés. Les annonces de renforcement de la sécurité et de soutien à la PNH semblent être, selon lui, plus des gestes symboliques que des solutions concrètes. Pour Johnston, il est essentiel de repenser l’approche américaine en Haïti si l’on souhaite réellement améliorer la situation sécuritaire et renforcer les institutions locales, sans quoi la violence et l’instabilité continueront à miner l’avenir du pays.