Port-au-Prince dimanche 12 septembre 2021– Après que le commissaire du gouvernement de Port-au-Prince, Me Bed-Ford Claude eut invité le chef du gouvernement de fait, Ariel Henry à comparaître pour un interrogatoire dans le cadre de l’enquête sur l’assassinat du président Jovenel Moïse, Henry a rejeté ce qu’il appelle des ‘‘tactiques de diversion.’’
Le commissaire du gouvernement a demandé vendredi à M. Henry de se présenter mardi prochain pour expliquer pourquoi il s’était entretenu avec l’un des principaux suspects du meurtre de Jovenel Moïse tot dans la matinée du 7 juillet, peu de temps après l’assassinat
“Je veux dire à ceux qui n’ont pas encore compris, que les tactiques de diversion pour semer la confusion et empêcher la justice de suivre sereinement son cours ne tiendra pas”, a écrit Ariel Henry sur Twitter, sans faire directement référence à la demande.
“Les vrais coupables, les cerveaux et les commanditaires de l’assassinat odieux du président Jovenel Moïse, seront identifiés, traduits en justice et punis pour leur crime”, a-t-il déclaré dans un autre tweet.
Bed-Ford Claude a demandé à M. Henry de comparaître mardi pour répondre à ses questions sur les appels téléphoniques passés entre lui et Joseph Félix Badio, cadre à l’unité de lutte contre la corruption et bras droit de l’actuel ministre de la justice Rockfeller Vincent.
La police haïtienne dit rechercher toujours activement l’ancien responsable, Joseph Felix Badio, qui travaillait aussi, a un certain moment, au ministère de la Justice.
Le téléphone de Badio aurait été localisé dans la zone proche de la résidence de Moïse lorsqu’il a appelé Henry à deux reprises aux premières heures du 7 juillet, après l’assassinat du président, lit-on dans la lettre d’invitation du parquet.
Etant donné qu’un juge a déjà été désigné pour instruire l’affaire, Bed-Ford Claude n’a en théorie pas le pouvoir de convoquer qui que ce soit, mais il a justifié sa demande en invoquant “l’extrême gravité” de l’enquête, qui est dans “l’intérêt national”.
En principe, un Premier ministre ne peut légalement être interrogé à moins que le président ne l’autorise, mais à la suite du meurtre de Jovenel Moïse, Haïti n’a pas de président et chacun de l’administration en place se croit autorisé de faire comme bon lui semble.
Le commissaire du gouvernement a laissé entendre que la participation d’Henry à l’interrogatoire serait volontaire « compte tenu des restrictions en place » en raison de son statut de premier ministre.
Jusqu’à présent, 44 personnes, dont 18 Colombiens, deux Américains d’origine haïtienne et une douzaine de policiers haitiens ont été arrêtées dans le cadre de l’enquête sur l’assassinat de Jovenel Moïse. Aucun des gardes de sécurité du président n’a été blessé dans l’attaque du 7 juillet.
Tous les hauts gradés de la police appelés au secours du président lors de l’attaque ne se sont présentés sur les lieux qu’après l’assassinat.
Même après le drame, Joseph Félix Badio qui se trouvait dans la résidence présidentielle continuait de communiquer avec le nommé Cinéus Francis Alexis, pendant que l’ex-première dame Martine Moïse blessée au bras droit était encore à la maison.
Cinéus Francis Alexis qui a parlé au moins 290 fois avec Badio de mai a juillet 2021 n’a été interrogé ni par la police judiciaire ni par le parquet. Personne ne sait ce qu’il est devenu ni le rôle qu’il a joué dans le meurtre du président.