Insécurité sanitaire en Haïti : Un médecin meurt à l’hôpital de Fort-Liberté faute d’oxygène…

Dr. Paul Roussel Casseus...

PORT-AU-PRINCE, dimanche 8 septembre 2024– Le décès du docteur Paul Roussel Casséus à l’hôpital départemental de Fort-Liberté illustre tragiquement l’insécurité sanitaire en Haïti. Ce médecin, formé à Moscou et revenu en Haïti pour servir sa communauté, a consacré sa vie à sauver celles des autres. Unique gynécologue de l’hôpital de Gort-Liberte, il avait notamment contribué à de nombreux accouchements, sauvant des femmes et des nouveau-nés dans un environnement médical précaire. Cependant, malgré son dévouement, il a perdu la vie la semaine dernière dans l’établissement où il travaillait, faute d’oxygène. Ce manque criant de ressources vitales n’est pas un accident isolé, mais le symptôme d’un système de santé défaillant, où les infrastructures, le matériel et le personnel manquent cruellement.

Fort-Liberté, chef-lieu du département du Nord-Est d’Haïti, est particulièrement touché par cette crise sanitaire. Ce département reçoit une part extrêmement réduite du budget national alloué à la santé. Les établissements de santé locaux, y compris l’hôpital départemental où travaillait le docteur Casséus, sont sous-équipés, et les conditions de travail des médecins et infirmiers y sont extrêmement difficiles. Le personnel médical, mal rémunéré et souvent démotivé, est contraint de faire face à des situations d’urgence sans les outils nécessaires pour intervenir.

Le décès de Paul Roussel Casséus n’est pas un cas isolé. Il s’inscrit dans une série de drames causés par les défaillances du système de santé en Haïti. En 2020, Michaële Amédée Gédéon, ancienne ministre de la Santé publique et présidente de la Croix-Rouge haïtienne, est décédée après un accident de la route dans la région de la Grand-Anse. Comme tant d’autres avant elle, elle n’a pas pu recevoir les soins appropriés à temps, un autre exemple frappant du manque de moyens dans les hôpitaux haïtiens. Ces cas, bien que tragiques, ne sont pas uniques ; ils révèlent l’ampleur d’un problème systémique qui touche aussi bien les professionnels de la santé que les patients.

Le département du Nord-Est, éloigné de la capitale et marginalisé en termes d’investissements publics, est l’un des plus durement touchés par cette insécurité sanitaire. Les hôpitaux y fonctionnent avec des ressources minimales et ne sont pas en mesure de répondre aux besoins de la population. Des équipements de base comme l’oxygène, pourtant indispensables dans toute structure hospitalière, sont souvent absents ou en quantité insuffisante. Ce manque de moyens, combiné à une gestion inefficace, expose la population à des risques permanents.

Cette situation alarmante découle en grande partie d’un sous-financement chronique du secteur de la santé en Haïti. Le budget alloué par l’État à la santé est largement insuffisant, et les ressources disponibles sont mal réparties, laissant des régions comme le Nord-Est dans une détresse profonde. Les infrastructures sont vieillissantes, les équipements rares, et le personnel médical, bien qu’extrêmement compétent, est sous-payé et travaille dans des conditions indignes. Le manque de volonté politique pour mettre en place des réformes structurelles aggrave encore la situation.

La mort du docteur Paul Roussel Casséus aurait pu être évitée, tout comme celle de Michaële Amédée Gédéon. Ces décès ne sont pas de simples accidents ; ils sont le reflet d’un système qui n’a pas su ou voulu se moderniser. Le sous-financement, la mauvaise gestion et l’absence de priorités claires en matière de santé publique continuent de condamner des vies dans des circonstances évitables. Si rien n’est fait, ces tragédies continueront de se multiplier.

Le cas du docteur Casséus devrait servir d’alerte pour les autorités haïtiennes. Il est urgent de revoir les priorités budgétaires et de redéployer des ressources vers le secteur de la santé afin de renforcer les infrastructures, équiper correctement les hôpitaux et soutenir le personnel médical. La survie du peuple haïtien en dépend.