MIAMI, dimanche 7 janvier 2024 – L’année électorale 2024 aux États-Unis s’annonce cruciale, avec le président démocrate Joe Biden, 81 ans, candidat à sa réélection, et potentiellement l’ancien président républicain Donald Trump, 77 ans, en lice. Au sein de la communauté haïtienne du sud de la Floride, les représentants locaux du Parti Démocrate s’inquiètent d’un possible désaveu des Haïtiano-Américains envers Biden, critiquant sa politique de soutien au premier ministre Ariel, jugée désastreuse pour Haïti.
Les démocrates locaux redoutent un vote de sanction similaire à celui de 2016, lorsque les Américains d’origine haïtienne se sont tournés vers Trump, blâmant Hillary Clinton pour sa prétendue influence sur le régime “Tete Kale” en Haïti. Malgré le Programme Biden, qui a favorisé l’immigration légale de milliers d’Haïtiens aux États-Unis au cours des douze derniers mois, de nombreux Haïtiano-Américains expriment leur mécontentement, menaçant de voter contre l’administration actuelle ou de s’abstenir lors des prochaines élections.
Le témoignage de Daryl Cyprien et de l’ingénieur Raymond François reflète une frustration importante parmi la communauté haïtiano-américaine envers l’administration Biden et sa politique étrangère envers Haïti. Malgré le Programme Humanitaire Parole, qui a facilité l’immigration légale de milliers d’Haïtiens aux États-Unis, certains estiment que le soutien continu à Ariel Henry et à son gouvernement est problématique.
Daryl Cyprien critique sévèrement l’administration pour son appui inconditionnel à Henry, soulignant que la situation en Haïti a empiré sous sa gouvernance. Il suggère que plutôt que de favoriser l’émigration, les États-Unis devraient retirer leur soutien à Henry et appuyer une transition dirigée par des Haïtiens issus de secteurs non impliqués dans des activités criminelles.
Raymond François, quant à lui, condamne la politique étrangère qu’il considère comme raciste et désastreuse. Il reproche aux États-Unis de soutenir un gouvernement lié à des gangs criminels, contribuant ainsi à la détérioration de la sécurité et des services de base en Haïti. François estime que la communauté haïtiano-américaine doit exprimer sa mécontentement lors des prochaines élections en refusant de voter pour l’administration actuelle.
François ne voit pas de différence significative entre les politiques étrangères de Biden et Trump envers Haïti, affirmant que les deux administrations n’ont pas répondu aux besoins fondamentaux du peuple haïtien. Il reconnaît le rétablissement du programme de TPS comme un acte positif, mais considère le Programme Humanitaire Parole comme un “cadeau empoisonné” en raison de l’incertitude entourant l’avenir des bénéficiaires une fois aux États-Unis.
Selon François, la priorité devrait être de se débarrasser de la coalition au pouvoir en Haïti et de permettre une transition politique véritable, créant ainsi les conditions nécessaires à des élections légitimes. Il insiste sur le fait que les Haïtiens aspirent à vivre en paix chez eux, soulignant que l’exode vers l’étranger ne contribuera pas au développement d’Haïti. Ces opinions reflètent un sentiment de déception et de désillusion au sein de la communauté haïtiano-américaine vis-à-vis de l’approche actuelle de l’administration Biden envers la situation en Haïti.
La menace d’un vote de sanction ou d’une abstention des Haïtiano-Américains suscite une inquiétude croissante au sein de la base démocrate en Floride. Hudes Dérameaux, président du Haitian American Democratic Club, craint une répétition du boycott de 2016, appelant à sensibiliser davantage sur les enjeux.
La question a été débattue lors d’une réunion entre les représentants démocrates de Miami-Dade et Broward avec la Mairesse de Miami, Danielle Levine Cava. L’objectif est de partager ces inquiétudes avec les leaders démocrates pour adresser la question du vote des Haïtiano-Américains avant qu’il ne soit trop tard.
Avec 29 grands électeurs, la Floride joue un rôle décisif dans une élection présidentielle américaine. Bien que le vote des Haïtiano-Américains ne soit peut-être pas suffisant pour élire un candidat, une abstention pourrait pencher la balance en faveur des républicains dans cet État pivot.