PORT-AU-PRINCE, lundi 8 mai 2023– Guerby Blaise, docteur en droit pénal, estime que le scandale de corruption qui a éclaboussé l’Ambassade d’Haïti aux Etats-Unis ne peut pas être réglé dans les médias ou sur les réseaux sociaux.
Selon lui, “Il faut des réponses pénales décidées par la justice pénale dans le cadre du scandale de corruption qui éclabousse l’Ambassade d’Haïti à Washington.”
“Pour ce faire, poursuit-il, le parquet doit saisir le Cabinet d’instruction et le Doyen doit prendre ses responsabilités pour distribuer le dossier à un juge d’instruction crédible.”
Selon Blaise, interrogé par RHINEWS, “la ministre de la Justice a un pouvoir d’instructions général sur les Commissaires du gouvernement dans le cadre de l’intérêt général. Dans ce cadre, la ministre peut enjoindre au parquet d’ouvrir une enquête pénale dans le cadre de cette affaire.”
Selon lui, “le parquet aurait dû se saisir déjà en raison de la clameur publique, qui lui donne compétence pour ouvrir une enquête pénale au regard de l’article 31 du code d’instruction criminelle (CIC) qui lui donne compétence en cette matière. Étant donné que ces faits de corruption nécessitent la traçabilité des fonds (argent), le parquet peut donner une délégation de pouvoir au Bureau des Affaires Financières de la DCPJ en raison des moyens techniques efficaces dont la DCPJ dispose à la défaveur du parquet.”
“La couverture politique ne doit occulter la corruption dont d’anciennes autorités se sont enrichies”, déclare-t-il, ajoutant qu’il est impossible de saisir l’ULCC dans le cadre de cette affaire en raison du conflit d’intérêts de l’actuel DG dont le cabinet d’avocats représente Martine Moïse dans l’affaire Jovenel Moïse.
Il affirme que “ l’ex-ministre de la justice, Rockfeller Vincent serait un proche de famille de l’actuel directeur général de l’ULCC, Hans Joseph qui était en même temps son directeur de cabinet à l’ULCC et au Ministère de la Justice et de la Sécurité Publique (MJSP). “
“De plus, poursuit l’homme de loi, Claude Joseph s’était fait accompagner pour aller à l’OEA pour demander la poursuite contre Ariel Henry dans le cadre de l’assassinat de Jovenel Moïse, étant précisé que Claude Joseph est solidaire publiquement de Martine Moïse. Donc par ricochet, le Cabinet d’avocats du DG ne peut être impartial à l’égard de Claude Joseph. C’est d’ailleurs pour cette raison que Claude Joseph, par intelligence, aurait même saisi l’ULCC contre Bocchit Edmond.”
Soulignant la gravité du scandale, Me Blaise indique qu’il est d’usage que la diplomatie symbolise l’image du pays à l’extérieur. De ce fait, nos représentants diplomatiques ne doivent pas donner l’impression que la corruption est la dominante dans la Gouvernance publique à l’égard de nos partenaires internationaux.
“Ces faits de corruption peuvent conduire à la réticence des investisseurs étrangers de s’implanter en Haïti et des pays partenaires de confier des fonds importants à l’État dans le cadre des investissements dans des projets sociaux”, déplore-t-il.
“Car ces agissements peuvent laisser croire que ces autorités diplomatiques sont des émissaires du Président de la République, le cas échéant le gouvernement, puisque les ambassadeurs sont nommés par le Président de la République (actuellement par le PM sous le regard du Conseil des ministres)”, insiste-t-il.