WASHINGTON, DC, jeudi 29 septembre 2022– Selon Alermy Piervilus, secrétaire exécutif de la plateforme des organisations haïtiennes de droits humains (POHDH), la crise politique, sociale et économique que connait la République d’Haïti s’est empirée aux cours des 14 derniers mois.
S’exprimant jeudi devant la Commission Affaires Etrangères du Congrès des Etats-Unis sur la situation en Haïti, Piervilus a fait remarquer que ‘‘les Institutions clés du pays sont dysfonctionnelles et les fonctions présidentielles et celles de Premier sont occupés par Ariel Henry depuis plus de 14 mois ; ce, en violation de la Constitution et des lois du pays.’’
Dans sa déposition, il a rappelé que les dernières élections organisées en Haïti remontent à 2017.
Piervilus a ajouté que, les échéances constitutionnelles pour renouveler les institutions démocratiques à travers l’organisation des élections ne sont pas respectées. ‘‘Conséquences, a-t-il poursuivi, le Pouvoir Législatif haïtien est dysfonctionnel depuis le 13 janvier 2020. Il n’y a que 10 sénateurs. Et le premier ministre de facto ne les consulte pas. Au niveau des collectivités Territoriales, le mandat des élus est arrivé à terme depuis 2021’’, a précisé le militant des droits humains.
Il a souligné à l’attention de la Commission que la Justice est aussi dysfonctionnelle. Il en veut pour preuve, la situation de la Cour de Cassation, la plus haute instance judiciaire du pays, qui compte seulement trois (3) juges sur douze (12).
Selon lui, ‘‘les conditions constitutionnelles et légales pour combler les vacances au niveau de la Cour de Cassation sont aujourd’hui inexistantes. En plus, l’actuel Conseil Supérieur du Pouvoir Judiciaire (CSPJ) installé en marge de la loi par le Premier Ministre de facto Ariel Henry, se trouve actuellement dans l’impossibilité de tenir légalement et valablement séance puisqu’il ne dispose ni de Président ni de Vice-président.’’
Piervilus a également déploré, par ailleurs, l’absence de contrôle politique et administrative sur la façon dont le pouvoir en place utilise les finances publiques.
Il a indiqué que, contrairement à ce qui se fait dans un régime démocratique, les finances publiques ne sont pas sous le contrôle des institutions constitutionnelles. ‘‘Le gouvernement dispose des finances publiques comme bon lui semble. « Le dysfonctionnement des institutions démocratiques est un obstacle à la jouissance des droits des citoyens », a déclaré Piervilus.
Parlant de la situation globale du pays, il a affirmé que les conditions sociales et économiques de la population sont considérablement dégradées. ‘‘Les droits sociaux tels que les droits à l’alimentation, à la santé, au travail, à l’éducation, au logement sont systématiquement bafoués. Aujourd’hui, plus de 4.5 millions haïtiens et haïtiennes vivent dans l’insécurité alimentaire et nutritionnelle sévère’’, a soutenu le militant des droits humains.
Selon lui, ‘’le gouvernement de facto actuel a enfoncé davantage la population dans la misère avec sa dernière décision d’augmenter de plus de 100% le prix du carburant.’’
Il a déploré qu’au lieu de tenir compte des revendications justes de la population qui s’exprime, depuis plus 4 mois, à travers tout le pays, le gouvernement tente de criminaliser les mouvements sociaux en les attribuant à des gangs armés.
Alermy Piervilus pense que ‘‘la vraie issue possible à cette crise passe par la relance du processus démocratique pour répondre à l’état de dévastation du pays. Cela signifie qu’une nouvelle gestion politique du pays avec une nouvelle équipe au pouvoir en charge de la transition s’impose comme un impératif.’’
Il a declare devant la Commission que ‘‘ce nouveau gouvernement doit contribuer à établir le cadre qui favorise la restauration des conditions d’un changement politique axé sur la justice, la fin de l’impunité, la participation citoyenne à travers l’organisation d’élections ouvertes et crédibles.’’
En termes de solutions immédiates, il a recommandé entre autres, le démantèlement des gangs armés et la reconstruction de la police nationale d’Haïti (PNH).
Le dirigeant de la POHDH a préconisé réformes politiques doivent être engagées pour rassurer la population et réaliser des élections crédibles.
Selon lui, pour stabiliser le pays économiquement et socialement, ‘‘il faut des initiatives urgentes et fortes d’assainissement des finances publiques, d’appui aux investissements dans le secteur agricole, des infrastructures et une réponse minimale à l’urgence humanitaire actuelle.’’