PORT-AU-PRINCE, mardi 14 juin 2022- Le président du réseau national des magistrats haïtiens (RENAMAH), Ikenson Edumé se dit indigné par l’attaque armée des bandits de Village de Dieu contre le Palais de justice de Port-au-Prince.
Vendredi dernier, des individus lourdement armés issus du gang “5 Second” de “Izo” ont mené un raid contre le Palais de Justice de Port-au-Prince où ils ont saccagé les bureaux des juges d’instruction et autres entités du tribunal de première instance.
Selon Martin Ainé, président de l’association nationale des greffiers haïtiens (ANAGH), les bandits qui ont occupé les lieux pendant plusieurs jours auraient emporté des documents, des pièces à conviction et un gros coffre-fort où sont entreposés les copa du délit.
Plusieurs personnes dont des avocats ont été blessés lors de cette attaque armée qui a provoqué une sorte de sauvé qui peut , selon plusieurs témoins.
Cependant, l’intervention de la police a permis d’évacuer certains membres du personnel judiciaire pris au piège.
Se déclarant scandalisé par ce qui s’est passé, le magistrat Edumé estime inacceptable que des bandits soient aussi libres et jouissent d’autant d’impunité pour attaquer le Palais de justice, symbole de la justice du pays.
Selon lui, le système judiciaire est pris en otage par des dinosaures issus de tous les secteurs qui veulent maintenir le statu quo afin, dit-il, que la justice soit toujours domestiquée et ne joue pas véritablement son rôle.
Edumé qui dénonce l’absence d’efforts pour engager de véritables réformes pour améliorer le fonctionnement du système judiciaire haïtien, préconise un chambardement du système en place afin de rendre la justice haïtienne utile.
« Il faut des leaders révolutionnaires et visionnaires pour arriver au reversement du système qui a pris la justice haïtienne en otage, empêchant du même coup son développement et sa modernisation », déclare-t-il, dans une interview à Radio Caraïbes.
Il prône également la numérisation de l’appareil judiciaire haïtien, soulignant qu’il est absurde d’imaginer qu’en plein 21e siècle les tribunaux et les Cours continuent de fonctionner dans des conditions précaires où on prend encore des notes sur des morceaux de papier.
“Il faut changer tout ça et on peut si on veut, car, on peut être pauvre, mais pas assez pour ne pas pouvoir moderniser le fonctionnement de l’appareil judiciaire”, soutient le magistrat. Des associations de magistrats et le barreau des avocats de Port-au-Prince ont appelé à maintes reprises à la rélocalisation du tribunal de première instance de Port-au-Prince situé en pleine zone contrôlée par des bandits armés.
Les greffes des tribunaux et du parquet sont cambriolés de temps en temps de façon presque mystérieuse sans que leurs portes ne soient enfoncées.
Depuis ces incidents, les autorités gouvernementales et judiciaires n’ont pas réagi.
Aucune explication n’a été fournie sur ce qui s’est passé.