PORT-AU-PRINCE, mardi 24 septembre 2024- L’ancien colonel Himmler Rébu, leader du Grand Rassemblement pour l’Évolution d’Haïti (GREH), partage une réflexion inquiétante sur les dynamiques du pouvoir en Haïti, qu’il qualifie de “syndrome de PAPA DOC”. Selon lui, l’après-Duvalier a révélé une tendance généralisée chez certains dirigeants haïtiens à aspirer à un pouvoir fort, malgré leur critique passée de la dictature. Ce désir latent d’autorité absolue infecte même ceux qui occupent aujourd’hui les plus hautes fonctions de l’État, tels que le Premier ministre et le Président.
Rébu illustre cette obsession par les comportements de plusieurs figures politiques actuelles, notamment les médecins devenus chefs de gouvernement. Il rappelle, non sans ironie, l’image du Dr Ariel Henry, Premier ministre en poste, “esseulé à la Cathédrale des Gonaïves se faisant chanter un Te Deum, une cérémonie normalement réservée au Président de la République”. Ce tableau témoigne, selon lui, de la dérive du pouvoir monocéphale en Haïti, renforcée par ceux qu’il qualifie de “petits ambitieux circulant sans vêtements”, en référence à un entourage politique sans vision ni scrupules.
La réflexion de Rébu s’attarde également sur la posture récente du Dr Garry Conille, qu’il accuse d’improvisation et de surenchère. “S’improvisant chef de guerre, il est en patrouille, casqué, emmailloté de gilet pare-balles non à sa mesure”, écrit-il, dénonçant un comportement qu’il juge enfantin. Conille, selon Rébu, aurait tenté de s’affirmer face à un Conseil de Transition (CPT) déjà fragilisé, en multipliant les provocations. Une de ces provocations marquantes aurait été son départ inopiné à l’étranger, notifié aux membres de la présidence par un simple message Whatsapp à trois heures du matin. “Réprimandé à son retour, il joue à l’innocent étonné”, commente-t-il avec amertume.
La dérive du pouvoir atteint un nouveau sommet avec l’organisation, par le Dr Conille, d’une fastueuse célébration de ses 100 jours au pouvoir, que Rébu compare à “Alice au pays des merveilles”. Mais, au-delà des apparences, cette mise en scène serait, selon Rébu, une tentative pour disqualifier définitivement le CPT, notamment à travers l’affaire des trois accusés de cette institution.
Rébu évoque également un incident diplomatique provoqué par Conille lors de la 79e session des Nations Unies à New York, où il se serait présenté comme une délégation officielle d’Haïti. Cette manœuvre, orchestrée par ce que Rébu appelle des “conseillers-délinquants”, viserait à embarrasser la présidence affaiblie. “Il est évident que cette racaille ayant déjà contribué à de retentissants échecs politiques en Haïti sous Martelly, Jovenel et sous Ariel, n’a cure de la République d’Haïti”, déplore-t-il. Pour lui, ces individus, dépourvus d’honneur et de dignité, méprisent une valeur pourtant simple : la loyauté.
Rébu conclut sa réflexion avec un avertissement sévère, affirmant que la dégradation du pouvoir en Haïti est irrémédiable et que la débâcle imminente est déjà à nos portes. En soulignant l’irresponsabilité et l’incohérence des dirigeants actuels, il fait écho à une préoccupation partagée par de nombreux citoyens haïtiens quant à l’avenir politique du pays.
“On attend le retour de la 79e session de l’ONU pour connaître la fin de l’histoire”, conclut-il, laissant entendre que la situation ne pourrait qu’empirer.