PORT-AU-PRINCE, vendredi 10 juin 2022– Dans ce rapport dont la publication coïncide avec la célébration du 27e anniversaire de la création de la police nationale d’Haïti (PNH), le réseau national de défense des droits humains (RNDDH), recense au moins quarante-quatre (44) policiers qui ont été assassinés par des individus armés, du 17 juin 2021 au 6 juin 2022.
Au moins vingt-et-un (21) d’entre eux ont été assassinés pendant la première moitié de l’année en cours, soit du 1e janvier au 6 juin 2022.
Parallèlement a la violence criminelle à laquelle les policiers font face, le rapport du RNDDH décrit des conditions de travail précaires auxquelles ils sont soumis dans les commissariats.
Selon le rapport, tant à Port-au-Prince que dans les villes de province, les agents-tes de la PNH ne disposent pas de matériels adéquats ni suffisants pour effectuer convenablement leur travail.
Il souligne que les policiers des zones reculées n’ont aucun moyen de transport à leur disposition. Certains agents effectuent les patrouilles à pied, tel est le cas des agents de la PNH affectés aux sous-commissariats de Marbial, (Sud-est) et de Furcy, (Ouest), par exemple. D’autres utilisent les motocyclettes de transport en commun, pour se déplacer d’un lieu à un autre, indique le rapport.
En termes de matériel de travail, l’organisation des droits humains précise que, ‘‘les agents de la PNH n’ont ni gilets pare-balles, ni casques, ni menottes, ni cirés imperméables, ni munitions, suffisants. Les radios de communication sont pour la majorité, défectueuses et de nombreux véhicules de patrouille sont en panne.’’
Sur le plan infrastructurel, le RNDDH souligne que les bâtiments de nombreux commissariats et sous-commissariats sont en très mauvais état. Il cite, à titre d’exemple, le sous-commissariat de Cazeau (Ouest) est souvent inondé lors des saisons pluvieuses, portant les agents-tes qui y sont affectés, à se réfugier à l’étage en attendant de pouvoir procéder au nettoyage du rez-de-chaussée.
Le document précise que la toiture des postes de police de Bahon (Nord) et de Maïssade (Centre) étant trouée, les policiers qui y sont affectés ne peuvent travailler lors des pluies.
La situation n’est pas différente à Miragoâne (Nippes), à Maïssade (Centre) à Pernier (Ouest),a Pérédo (Sud-Est) en autres, selon le rapport qui évoque également des difficultés liées à une mesure prise par l’administration Moïse subordonnant toute dépense de la Direction Générale de la PNH, dépassant cinquante mille (50.000) gourdes, à l’aval du Ministère de l’Economie et des Finances.
L’inauguration partielle le 4 janvier 2021 de l’Hôpital Central de la Police Nationale situé à Bon Repos, commune de la Croix-des-Bouquets, n’a pas nécessairement contribué à soulager les souffrances des policiers lorsqu’il s’agit de se faire soigner, selon le rapport du RNDDH.
Le RNDDH souligne que les conditions difficiles de travail portent plusieurs agents à déserter les rangs de l’institution policière.
‘‘Ils sont en effet nombreux ceux qui, lorsqu’ils le peuvent, choisissent de se réfugier ailleurs, sans que cela ne semble alerter les autorités étatiques, selon le rapport, ajoutant que rien que pour le mois d’avril 2022, cinq cents (500) chèques environ, ont été retournés à la direction du personnel de la PNH, pour acheminement au Ministère de l’Economie et des Finances, les concernés ne s’étant pas présentés en vue de les réclamer.’’
Le RNDDH recommande aux autorités d’annuler la décision prise en Conseil des Ministres de soumettre à l’aval du Ministère de l’Economie et des Finances, les dépenses de la Direction Générale de la PNH, dépassant cinquante-mille (50.000) gourdes ; de fournir des moyens suffisants et adéquats aux policiers pour l’accomplissement de leurs tâches : armes, munitions, gilets pare-balles, motocyclettes, véhicules de services, etc.
L’organisation recommande également aux responsables d’assister les familles des policiers assassinés, au-delà des funérailles, repenser la couverture d’assurance-maladie des policiers-ères et de rendre fonctionnel l’Hôpital Central de la Police Nationale ; de mettre fin à l’alimentation en armes et en munitions des gangs armés qui attaquent continuellement les agents-tes de la PNH en particulier et la population en général.
Formée le 12 juin 1995, la PNH fête ce dimanche 12 juin 2022, ses vingt-sept (27) ans d’existence.