PORT-AU-PRINCE, dimanche 10 mars 2024– À l’issue de plusieurs jours de délibérations, des organisations politiques, de la société civile et du secteur privé haïtiens ont abouti à un compromis crucial visant à restaurer la sécurité et à créer un environnement favorable à des élections crédibles. Ce consensus, fruit de consultations intensives facilitées par la CARICOM et d’autres entités internationales, vise à surmonter la crise multidimensionnelle menaçant l’avenir même de la nation haïtienne.
Dans un document intitulé : « consensus politique sur une transition ordonnée pour rétablir la sécurité, freiner l’effondrement et créer les conditions de réalisation d’élections acceptables », les parties prenantes, représentant une diversité d’intérêts, se sont engagées à instaurer un gouvernement de transition bicéphale, inclusif et consensuel. Ce gouvernement aura pour mission de rétablir l’ordre constitutionnel, de lutter contre la criminalité et la violence, et de restaurer la stabilité nécessaire à la relance économique et sociale du pays.
Au cœur de cette transition résident des principes fondamentaux tels que l’inclusion, l’intégrité, la promotion de la paix et la gestion ordonnée du processus. Un Conseil présidentiel de transition, composé de cinq membres nommés par des secteurs clés de la société haïtienne, dirigera cette phase critique. Chaque membre supervisera des domaines spécifiques liés à la transition, tels que la sécurité nationale, la relance économique et l’organisation d’élections futures.
Les membres du Conseil présidentiel ne pourront pas se présenter aux prochaines élections, garantissant ainsi une transition impartiale et axée sur les intérêts du peuple haïtien. Les critères stricts de sélection veilleront à ce que seules des personnalités intègres et engagées pour le bien-être d’Haïti soient choisies pour ce rôle.
Dans le même élan, un Premier ministre par intérim sera nommé à partir d’une liste restreinte de trois candidats proposés par les parties prenantes du consensus. Ce Premier ministre travaillera en étroite collaboration avec le Conseil présidentiel de transition, formant ainsi un gouvernement inclusif et non partisan. L’objectif est d’assurer une représentation équilibrée de toutes les forces politiques et sociales du pays, tout en garantissant l’intégrité et la compétence des candidats sélectionnés.
Parallèlement, la mise en place d’un Conseil de Sécurité Nationale (CSN) facilitera la coordination efficace de la réponse aux défis en matière de sécurité, en collaboration avec la Police Nationale d’Haïti et des experts internationaux. Cette initiative vise à restaurer la confiance du peuple haïtien dans les institutions chargées de garantir sa sécurité.
Pour promouvoir la reddition de comptes et prévenir la corruption, un Organe de Contrôle de l’Action Gouvernementale (OCAG) sera établi, composé de représentants de la société civile et d’associations socioprofessionnelles. Cette entité travaillera en étroite collaboration avec les institutions de contrôle existantes pour garantir l’indépendance et l’intégrité des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire.
Un aspect crucial de la transition est la mise en place d’un Conseil électoral provisoire (CEP) indépendant et impartial chargé de superviser un processus électoral démocratique et participatif dans les 18 à 24 prochains mois. Ce conseil sera composé de neuf membres sélectionnés selon des critères rigoureux pour assurer la crédibilité et l’intégrité des élections à venir.
La feuille de route pour la transition identifie des priorités immédiates, notamment la réforme constitutionnelle, la restauration de la sécurité, la réhabilitation des institutions étatiques et la tenue d’une conférence nationale pour favoriser le dialogue et la réconciliation.
Cette proposition de transition en Haïti pourrait représenter une avancée significative vers la restauration de la stabilité et de la gouvernance démocratique dans le pays. Sa mise en œuvre nécessitera un engagement fort des acteurs nationaux et internationaux, ainsi qu’une volonté politique de surmonter les défis à venir.
« Haïti ne peut plus attendre. Le moment est venu de décider, de passer de la proposition à la mise en place du pouvoir de transition. L’engagement de la CARICOM et des autres partenaires internationaux sont nécessaires, dans une coopération franche et sincère, pour que nous sortions du chaos et redonner place et sens à la vie. Nous nous réjouissons à l’idée d’en discuter avec vous dès que possible », lit-on dans le document.
Ces propositions ont été présentées dans une lettre adressée aux partenaires internationaux et à la CARICOM, qui assurent la médiation entre les différents acteurs de la crise haïtienne. La CARICOM a sollicité les Chefs d’État et de gouvernement des principaux pays partenaires d’Haïti pour une réunion à Kingston, en Jamaïque, ce lundi 11 mars, afin de discuter de manière urgente de cette situation et d’autres questions cruciales liées à la stabilisation de la sécurité et à la fourniture d’une aide humanitaire urgente au peuple haïtien.