Haïti : Une nouvelle correspondance d’EDE et de l’Accord du 21 décembre 2022 à la CARICOM exclut cette fois l’organisation terroriste “Viv Ansanm”…

Palais National/ image d'illustration

PORT-AU-PRINCE, dimanche 19 janvier 2025- Dans une correspondance adressée au président du Groupe de personnalités éminentes (GPE) de la CARICOM, Kenny Anthony, en date du 17 janvier 2025, les représentants de l’Accord du 21 décembre et du parti Engagés pour le Développement (EDE) ont réaffirmé leur engagement en faveur des scénarios de redressement politique proposés précédemment. Cette initiative marque une rupture notable en excluant explicitement l’organisation controversée “Viv Ansanm”, accusée d’actes terroristes et de liens étroits avec des gangs armés, une position qui distingue cette démarche des tentatives antérieures.

Dans leur correspondance, les signataires ont pointé du doigt l’échec flagrant du Conseil de Transition Présidentiel (CPT) dans sa configuration actuelle, incapable d’organiser le référendum constitutionnel et les élections prévus par l’Accord du 3 avril 2024. Ils ont également souligné que les divisions internes et les scandales de corruption qui ont terni l’image du CPT continuent de paralyser son fonctionnement. Cette situation, selon eux, illustre l’urgence de restructurer cet organe pour répondre aux attentes de la population et des acteurs internationaux.

Dans leur proposition, les signataires insistent sur la nécessité de refonder le CPT, en évoquant plusieurs scénarios qui garantiraient une transition plus crédible. Ils suggèrent notamment d’inclure des figures issues de la société civile, du secteur politique et de la Cour de cassation, tout en éliminant les membres compromis dans des scandales, notamment ceux liés au détournement de fonds de la Banque nationale de crédit (BNC). L’objectif est de restaurer la confiance du public et des partenaires internationaux en ce processus de transition.

Les représentants de l’Accord du 21 décembre et d’EDE appellent également à une intervention urgente de la CARICOM pour relancer le dialogue politique et encourager une approche inclusive. Ils insistent sur l’importance de collaborer exclusivement avec des acteurs non violents et respectueux des principes démocratiques, des droits humains et de l’État de droit. Ce positionnement ferme, qui exclut toute coopération avec des organisations comme “Viv Ansanm”, vise à renforcer la légitimité des démarches engagées et à dissiper les doutes sur les intentions des signataires.

Parmi les initiateurs de cette correspondance figurent des figures politiques de premier plan, notamment André Michel, Sorel Jacinthe, Claude Edouard Joseph et Ricard Pierre. Tous ont exprimé leur vision d’une Haïti réinventée, dirigée par des leaders capables de répondre à l’urgence de la crise actuelle tout en mobilisant les ressources nécessaires pour rétablir la stabilité.

Cette correspondance s’inscrit dans la continuité des démarches engagées après la chute de l’ancien Premier ministre Ariel Henry. Les signataires ont également rappelé que le blocage persistant des institutions haïtiennes exacerbe une crise sécuritaire sans précédent, marquée par la montée en puissance des gangs armés. Selon eux, cette insécurité, responsable de pertes économiques estimées à 1,34 milliard de dollars sur deux ans, met en lumière les défaillances structurelles de l’État haïtien et l’urgence d’une réforme profonde.

En parallèle, la proposition met l’accent sur le renforcement des capacités de la Police Nationale d’Haïti et des Forces Armées d’Haïti, accompagné de la création d’un service militaire obligatoire pour soutenir les efforts de sécurisation du pays. Les signataires appellent également à un consensus national impliquant l’ensemble des acteurs politiques, même ceux non signataires de l’Accord du 3 avril 2024, et à une révision de cet accord pour recentrer les priorités sur la sécurité, la justice et les élections.

Malgré les critiques entourant le CPT, plusieurs de ses membres continuent de siéger malgré les désaveux de leurs secteurs d’origine. Parmi eux figurent Smith Augustin (REDEDE) et Louis Gérald Gilles (Accord du 21 décembre 2022), tous deux impliqués dans le scandale de détournement de fonds de la BNC. Emmanuel Vertilaire, représentant du parti Pitit Dessalines, bien que lui aussi mis en cause, bénéficie encore du soutien de son parti. Jean-Charles Moïse, leader de Pitit Dessalines, a défendu Vertilaire en affirmant que les accusations portées contre lui relèvent d’une machination politique destinée à discréditer son parti.

Dans leur correspondance, les signataires concluent en appelant la CARICOM à accélérer la relance des pourparlers pour permettre à Haïti de sortir de l’impasse actuelle et de poser les bases d’une transition vers des institutions démocratiques légitimes. Ils réaffirment leur volonté de bâtir une Haïti stable et prospère, portée par des réformes crédibles et soutenue par un processus électoral inclusif et transparent.