PORT-AU-PRINCE, lundi 18 novembre 2024– Haïti, un pays rongé par la violence des gangs et les querelles politiques, l’année 2024 a été marquée par des bouleversements tragiques : trois premiers ministres se sont succédé, plus de 4 000 personnes ont été tuées, et les violences armées ont atteint une telle intensité qu’elles ont conduit à la fermeture prolongée de l’aéroport international du pays à deux reprises. Malgré les 600 millions de dollars investis par les États-Unis dans une force policière internationale destinée à rétablir l’ordre, la violence continue de faire rage, forçant l’Administration fédérale de l’aviation (FAA) américaine à interdire les vols sous les 10 000 pieds dans l’espace aérien haïtien pour éviter les tirs des gangs.
Le chaos s’intensifie à mesure que les gangs étendent leur contrôle territorial. Avec un nouveau premier ministre intérimaire en fonction et un président élu, Donald J. Trump, s’apprêtant à prendre ses fonctions, la situation demeure désespérée. Les efforts internationaux pour stabiliser Haïti vacillent, laissant les habitants sans espoir tangible.
« Je suis totalement désemparée », a déclaré Susan D. Page, professeure de droit à l’Université du Michigan et ancienne fonctionnaire des Nations Unies en Haïti. « Tout le monde est abasourdi. »
Une crise qui s’enracine
La crise haïtienne trouve ses origines dans des décennies de turbulences, exacerbées au cours des 15 dernières années par un séisme dévastateur, une mauvaise gestion des fonds d’aide, des interventions internationales controversées et des élections présidentielles entachées d’irrégularités. En 2021, l’assassinat du président Jovenel Moïse a plongé le pays dans un vide politique.
Les États-Unis ont joué un rôle dans la nomination de son successeur, Ariel Henry, un choix qui a suscité des protestations parmi la population haïtienne. Pendant les trois années de son mandat, les meurtres et les enlèvements commis par des gangs lourdement armés ont explosé. Face à cette situation, l’administration Biden a hésité à déployer ses propres troupes, optant plutôt pour une mission internationale dirigée en grande partie par des policiers kényans pour soutenir les forces locales.
La montée en puissance des gangs
En février 2024, alors qu’Ariel Henry se trouvait au Kenya pour finaliser les détails de cette mission, des gangs rivaux en Haïti ont uni leurs forces, semant la terreur et forçant son départ. Pendant plusieurs mois, l’aéroport principal a été fermé, des quartiers entiers ont été incendiés et des civils tués, exacerbant le vide politique.
Pour répondre à cette crise, les États-Unis et les pays de la CARICOM ont élaboré un plan visant à établir un conseil présidentiel de transition composé de neuf membres. Garry Conille, ancien fonctionnaire des Nations Unies, a été nommé premier ministre intérimaire en juin 2024. Peu après l’arrivée des troupes kényanes, les gangs ont temporairement semblé se retirer.
Les défis persistent
Malgré ces efforts, la stabilisation d’Haïti reste un défi colossal. Les institutions du pays sont fragilisées, et les réponses internationales, bien qu’importantes, peinent à répondre à l’ampleur de la crise. Alors que la violence se poursuit, les Haïtiens continuent de chercher désespérément des solutions à leurs souffrances.
Cet article est basé sur un reportage publié par The New York Times, écrit par Frances Robles. Pour accéder à l’article original, consultez ce lien.