PORT-AU-PRINCE, vendredi 17 janvier 2025– La crise humanitaire en Haïti atteint un point critique, avec un enfant sur huit contraint de fuir son foyer à cause de l’escalade de la violence. Selon le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), cette situation est alimentée par la montée en puissance des groupes armés qui contrôlent une grande partie de la capitale, Port-au-Prince.
Les chiffres sont alarmants. Plus de 500.000 enfants haïtiens ont été déplacés à l’intérieur du pays, marquant une augmentation de près de 50 % depuis septembre dernier. Au total, ce sont plus d’un million de personnes qui vivent en déplacement interne, dont la moitié sont des enfants nécessitant une aide humanitaire d’urgence.
« C’est une période terrible pour être un enfant en Haïti, où la violence détruit des vies et force de plus en plus de familles à quitter leur foyer », a déclaré Catherine Russell, Directrice générale de l’UNICEF. Elle a ajouté : « Les enfants ont désespérément besoin de sécurité, de protection et d’un accès aux services essentiels. Nous ne pouvons pas détourner le regard. »
Des décennies d’instabilité politique, de pauvreté endémique et d’inégalités sociales ont favorisé l’expansion des groupes armés, dont les activités touchent particulièrement les enfants. Les rapports récents indiquent une hausse de 70 % du recrutement forcé d’enfants par ces groupes au cours de l’année écoulée. Actuellement, jusqu’à 50 % des membres de ces groupes armés seraient des mineurs, une violation flagrante du droit international et des droits de l’enfant.
La crise des déplacements expose également les enfants à des violences accrues, notamment sexuelles, ainsi qu’au trafic, à l’exploitation et aux abus. Les données de l’UNICEF révèlent une augmentation spectaculaire des cas de violence sexuelle à l’encontre des enfants, atteignant 1.000 % en une année.
Par ailleurs, l’accès à des services de base tels que l’éducation, les soins de santé, l’eau potable et l’assainissement est gravement compromis. Cette situation exacerbe les risques de malnutrition et de maladies. Le pays compte actuellement près de 6.000 personnes vivant dans des conditions proches de la famine, tandis que les sites de déplacement insalubres favorisent la propagation d’épidémies comme le choléra. Près de 88.000 cas suspects de choléra ont été signalés, affectant de manière disproportionnée les enfants.
La zone métropolitaine de Port-au-Prince est l’épicentre de cette crise. En décembre, des affrontements armés et des tentatives de siège dans plusieurs quartiers résidentiels ont forcé environ 40.000 personnes à fuir leur domicile en seulement deux semaines.
Au total, l’UNICEF estime que trois millions d’enfants en Haïti ont besoin d’une aide humanitaire, dont 1,2 million sont en danger immédiat dans la capitale.
Face à l’ampleur de cette catastrophe, l’UNICEF appelle toutes les parties impliquées à cesser immédiatement les hostilités et à mettre fin aux violations des droits de l’enfant, notamment le recrutement par des groupes armés et les violences sexuelles.
L’agence plaide également pour un accès sans entrave des travailleurs humanitaires aux populations déplacées et vulnérables. « Les enfants d’Haïti subissent les conséquences d’une crise qu’ils n’ont pas créée », a souligné Catherine Russell.
Elle a conclu en appelant à une action urgente de la part du gouvernement haïtien et de la communauté internationale : « Ils comptent sur nous pour protéger leurs vies et préserver leur avenir. »