Haïti/Spoliation : Retour imminent des paysans de Terrier-Rouge sur des terres dont ils ont été dépossédés récemment

Paysans de Terrier-Rouge

Terrier-Rouge, 11 juillet 2020- A l’initiative de la Coopérative des Petits Planteurs du Nord-Est (CPP-NE), une marche silencieuse a été organisée ce samedi 11 juillet à Terrier-Rouge, (Nord-Est, Haïti) pour dénoncer la spoliation de leurs terres.

La famille présidentielle et ses proches sont accusés d’avoir dépossédé arbitrairement des paysans du Nord et du Nord-Est d’environ 10 mille hectares de terre cultivable.

Cette marche fait partie d’un ensemble d’actions que ces planteurs entendent poser avant de reprendre le contrôle des terres dont ils ont été dépossédés récemment.

En plus d’un éventuel retour imminent sur les terres en question, ils entendent porter plainte officiellement auprès d’instances judiciaires nationales et internationales, contre tous ceux qui sont impliqués dans cette vaste opération de spoliation.

Revendiquant leur droit de propriété sur ces terres, ils dénoncent le fait qu’ils en ont été dépossédés arbitrairement sans qu’aucune compensation ne leur ait été versée. Ils dénoncent également le fait que la zone n’ait pas été déclarée d’utilité publique et que les terres aient été extorquées par les autorités et leurs proches dans le cadre de réalisation de projets personnels.

Les planteurs soulignent avoir obtenu de l’administration du président Jean Bertrand Aristide en date du 30 avril 1995, le droit légal d’exploiter ces terres à travers un arrêté présidentiel publié dans le journal officiel du pays ‘’Le Moniteur.

Ils exploitent ces terres à des fins de production agricole, de reforestation et d’élevage.

Selon un leader paysan, Milostène Castin, les envahisseurs ont détruit les plantations des paysans, tué leur bétail et abattu des arbres.

Il affirme que ces derniers s’intéressent particulièrement aux terres situées près des routes et de la mer. ‘’Et ça commencent de la baie de Caracol jusqu’à la baie de Fort-Liberté, précise-t-il.

La spoliation des terres cultivables a toujours été une source de conflit, parfois meurtrier en Haïti. Le problème foncier qui n’est pas nouveau en Haïti, s’est considérablement aggravé depuis l’arrivée au pouvoir du président Jovenel Moïse en 2017.

Le problème est d’autant plus crucial que le chef du gouvernement, Jouthe Joseph ait instruit son nouveau ministre de la Justice, Rockefeller Vincent de se pencher rapidement sur la crise foncière.

Des proches du pouvoir sont notamment accusés d’accaparer non seulement des terres agricoles appartenant à des paysans mais aussi, celles relevant du domaine public de l’Etat dans le Nord-Est.

Les paysans haïtiens doivent souvent affronter des autorités peu scrupuleuses qui contournent les lois et les règlements fonciers dans le sens de leurs intérêts propres.

La marche des paysans de Terrier-Rouge a coïncidé avec les funérailles de l’ancien sénateur, Derex Pierre-Louis qui les avait accompagné dans leurs démarches pour l’obtention des terres.