“Haïti sous la menace d’un coup d’État orchestré par “Viv Ansanm” et alliés : collusion entre gangs armés et pouvoir pour le contrôle du pays, selon Pierre Espérance”…

Pierre Esperance, Directeur executif du RNDDH...

PORT-AU-PRINCE, vendredi 28 mars 2025Selon Pierre Espérance, directeur exécutif du Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH), la situation sécuritaire en Haïti est en train de se détériorer de manière alarmante sous l’effet de la montée en puissance des gangs armés regroupés sous la bannière de l’organisation terroriste “Viv Ansanm”. Dans une déclaration sans équivoque, Pierre Espérance alerte sur un coup d’État en préparation, orchestré par Viv Ansanm, avec le soutien du Parti Haïtien Tèt Kale (PHTK), d’une frange de l’Accord du 21 décembre, ainsi que du parti Pitit Dessalines, afin de transférer le pouvoir à Dimitri Hérard et Guy Philippe.

« La situation sécuritaire du pays se détériore en raison de la montée en puissance des gangs et du mépris total des autorités, aussi bien au sein du Conseil Présidentiel de Transition (CPT) que du gouvernement », dénonce Pierre Espérance. Selon lui, les dirigeants actuels ne se préoccupent que de leurs privilèges et de leur maintien au pouvoir, ignorant totalement les souffrances du peuple haïtien.

Il rappelle qu’au début du mandat de Jovenel Moïse, les gangs contrôlaient environ 40 % de la zone métropolitaine. À l’époque de son assassinat, ce chiffre était monté à 60 %. Aujourd’hui, leur emprise est estimée à 95 %, déplore Espérance. « Si certaines zones ont été récupérées, les gangs ont étendu leur influence ailleurs, consolidant leur contrôle avec plus d’armes et de ressources », affirme Pierre Espérance.

Alors que la capitale est menacée d’une prise de contrôle totale par les gangs, le gouvernement ne fait rien pour inverser la tendance, accuse Pierre Espérance. Il souligne que l’administration actuelle n’a pas investi un seul centime dans l’équipement de la Police Nationale d’Haïti (PNH). Pendant que les gangs se réarment sans difficulté, la PNH est empêtrée dans une bureaucratie paralysante qui empêche l’achat de matériel.

« La police dépend du Conseil Supérieur de la Police Nationale (CSPN), dirigé par le Premier ministre, le ministre de la Justice, le ministre de l’Intérieur, le directeur général de la PNH et l’inspecteur général. Pourtant, aucune décision majeure n’est prise pour lui donner les moyens de lutter contre l’insécurité », critique Pierre Espérance.

Le directeur du RNDDH va plus loin en affirmant que le CPT et le gouvernement de transition sont conscients des manœuvres en cours pour transférer le pouvoir au PHTK par l’intermédiaire des gangs. « Ce qui se passe actuellement n’est pas une lutte contre l’insécurité, mais une stratégie visant à permettre aux gangs de prendre le contrôle du pays pour ensuite remettre le pouvoir au PHTK », déclare-t-il.

Il rappelle que plusieurs dirigeants du PHTK sont sous sanctions internationales imposées par les Nations Unies, le Canada et les États-Unis, mais cela ne les empêche pas de continuer à manipuler les rouages du pouvoir en coulisses. Cette situation est facilitée par la complicité active du CPT et du gouvernement, ajoute Pierre Espérance.

Depuis mars 2024, trois nouveaux secteurs ont été ajoutés au CPT, dont certains représentants sont directement liés aux gangs, souligne Pierre Espérance. Selon lui, des partis politiques comme Pitit Dessalines et le PHTK sont engagés dans une alliance criminelle. Il cite en particulier Girard Gilles, qui aurait joué un rôle central dans la mise en place d’un plan visant à remettre le pouvoir à Dimitri Hérard et aux gangs.

L’arrivée de Fritz Jean à la tête du CPT, le 7 mars, n’a rien changé, estime Pierre Espérance. « Si ce gouvernement voulait réellement faire la différence, il aurait immédiatement pris des mesures concrètes pour équiper la police. Or, rien n’a été fait », accuse-t-il.

L’inaction du CPT et du gouvernement est une preuve flagrante de leur mépris total pour la population, selon Pierre Espérance. « Ils vivent dans le luxe et le privilège, pendant que la population subit quotidiennement les atrocités des gangs. Leur seule préoccupation est de se maintenir au pouvoir et de protéger leurs propres intérêts », fustige-t-il.

Malgré les avertissements répétés, le gouvernement refuse toujours d’acheter du matériel pour la police, alors que les gangs continuent de se renforcer. « Ce n’est pas une incapacité, c’est un choix délibéré », insiste Pierre Espérance.

En décembre 2024, une délégation officielle, composée des ministres de la Justice et de l’Intérieur, du chef de la police et du chef de l’armée, s’est rendue en Colombie pour acheter du matériel de sécurité pour la police. Pourtant, aucune acquisition n’a été finalisée à ce jour, ce qui illustre l’incompétence et la mauvaise foi du gouvernement, dénonce Pierre Espérance.

Si aucune action n’est entreprise immédiatement, les gangs prendront bientôt le contrôle total de la capitale, avertit-il. Face à cette menace, il appelle la population à ne pas rester silencieuse et à exiger des actions concrètes.

Selon Pierre Espérance, le chef du CPT, Fritz Jean, est à un tournant historique. « La première mesure qu’il doit prendre est de se désolidariser publiquement des éléments corrompus et criminels au sein du gouvernement », martèle-t-il.

Il estime que si les autorités ne changent pas immédiatement de cap, une colère populaire incontrôlable risque d’exploser sous forme de manifestations massives, car le peuple haïtien refuse d’être abandonné aux gangs. “Si le pouvoir tombe aux mains des terroristes et leurs alliés, c’est l’ensemble de la population déjà en proie à la misère, à la violence criminelle et toutes sortes de calamités, qui paiera le prix fort”, prévient le militant des droits humains.

Le CPT et le gouvernement ne cherchent pas à protéger la population, mais à assurer leur propre survie politique, accuse Pierre Espérance. « Ils ont totalement abandonné la mission essentielle d’un État : garantir la sécurité des citoyens. Ce qui se passe actuellement en Haïti n’est rien d’autre qu’un complot contre le pays et son peuple », conclut-il.

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