Haïti-Société : Décès de Anthony Pascal dit Konpè Filo, l’icône de Radio Haïti Inter

Anthony Pascal, Konpe Filo

Par Yves Paul LEANDRE, 

Port-au-Prince, 31 juillet 2020– C’est confirmé notre icône Konpè Filo décide de fermer les yeux ce vendredi 31 juillet 2020, à l’âge de 67 ans, suite à des problèmes respiratoires à l’Hôpital de Mirebalais. C’est une grande perte pour le pays et pour la corporation journalistique qui aimait ce personnage, place au carrefour « Kalfou » pour guetter les moindres palpitations de la mécanique sociale, politique et culturelle du pays.

Cet authentique du terroir Konpè Filo, après son passage à radio Haïti Inter où il présentait le journal de 9 heures du soir en duo avec la journaliste Lilianne Pierre Paul. Ces deux complices servaient de leur micro pour contrôler le baromètre du climat politique de la fin des années 70-80. Konpè Filo a travaillé à canal 11 avant de rejoindre l’équipe de Radio Télé Ginen.

Ce défenseur du droit à la parole est né le 11 mars 1953 à Martissant, un quartier de la commune de Carrefour dans le département de l’ouest. Il est l’aîné d’une famille de 12 enfants. Ce monument de la presse haïtienne nous quitte le jour de l’anniversaire de naissance du PDG de Radio Haïti Inter, Jean Leopold Dominique assassiné par des vautours, le 3 avril 2000.

Acteur de cinéma, il a joué dans le film « Kraze Lanfè » de Jean Gardy Bien Aimé, incarnant le rôle de peintre-artiste, qui dessinait le sombre tableau de la réalité haïtienne.

Victime de la dictature de Jean Claude Duvalier, Anthony Pascal a été torturé aux casernes Dessalines et partit en exil après la bourrasque du 28 novembre 1980.

Grande figure de la presse indépendante, le cinéaste Arnold Anthonin a retracé le parcours du journaliste dans son film documentaire le Droit à la Parole. 1980, la répression bat son plein en Haïti. Un décret va interdire toute prise de parole indépendante et toute manifestation de la pensée.

Les artistes, les écrivains, les journalistes, les démocrates en font les frais. Konpè Filo était le bon ami de Thérèse, la première femme de Jean Dominique, la mère de l’écrivaine Jan J. Dominique, Dolores et Nadine. Ce martyr de la presse haïtienne laisse pour les jeunes journalistes, un héritage du travail bien fait, celui du chemin de la liberté.