PORT-AU-PRINCE, jeudi 12 décembre 2024– Selon Fritz Alphonse Jean, conseiller-président, membre du Conseil de la Transition (CPT), et économiste chargé des questions économiques au sein de cette structure, Haïti est en train de subir un recul économique historique. Dans une analyse publiée le mercredi 10 décembre 2024, il souligne que, si les prévisions d’une chute de 4 % du produit intérieur brut (PIB) en 2024 se confirment, le PIB réel atteindra environ 527 milliards de gourdes au 30 septembre 2024. « Ce niveau correspond à celui de 2007, soit un recul de 17 années », a précisé Fritz Alphonse Jean.
L’économiste note également que ce PIB représenterait une baisse de 20 % par rapport à celui de 2018, qui s’élevait à 658,3 milliards de gourdes. « Nous sommes dans une situation critique qui exige une planification rigoureuse et des mesures structurelles fortes », a-t-il déclaré, insistant sur l’ampleur des défis à relever.
Fritz Alphonse Jean estime qu’un taux de croissance annuel de 3,78 % serait nécessaire pour que l’économie haïtienne retrouve son niveau de 2018 d’ici à 2030. Cependant, il met en garde contre les prévisions peu encourageantes du Fonds monétaire international (FMI), qui anticipe une croissance moyenne de seulement 1,33 % pour Haïti sur les trois prochaines années.
Pour inverser ces sombres perspectives, il insiste sur l’urgence d’une programmation économique nationale ambitieuse et inclusive. « Cette programmation commence dès le budget rectificatif 2024-2025 », a-t-il affirmé, ajoutant qu’elle devra tenir compte des spécificités et des besoins de chaque département du pays.
Dans son analyse, Fritz Alphonse Jean a également souligné que la lutte contre l’insécurité reste un préalable incontournable pour relancer l’économie. « La stabilisation du pays est une condition sine qua non pour encourager les investissements et permettre une reprise économique durable », a-t-il expliqué. Il appelle à un effort collectif impliquant l’ensemble des départements géographiques pour surmonter cet obstacle.
Malgré la gravité de la situation, le conseiller-président perçoit une opportunité dans cette crise. « Il est impératif de repenser nos priorités nationales, de mobiliser nos ressources et de bâtir les bases d’une croissance inclusive », a-t-il déclaré.
Selon Fritz Alphonse Jean, cela nécessitera une volonté politique sans faille, une gestion budgétaire stratégique, et un soutien accru de la communauté internationale. « Haïti peut relever ce défi monumental, mais cela demandera une mobilisation de tous les acteurs, publics comme privés », a-t-il conclu.