Port-au-Prince, 24 juillet 2020- Les huit (8) membres restant du Conseil Electoral Provisoire (CEP) démissionnent de leur fonction pour faciliter un consensus permettant de résoudre la crise politique actuelle.
Dans leur lettre de démission qui prend effet à partir de lundi prochain, les conseillers démissionnaires expliquent leur décision par leur souci de contribuer a prioriser le dialogue entre les acteurs du pouvoir, de l’opposition et de la société civile en vue d’aboutir à ce consensus.
‘’Cette étape inévitable constitue un passage obligé pour parvenir à une solution viable capable de juguler la crise actuelle. Il s’agit également d’une condition indispensable pour la fiabilité et la réussite d’un processus électoral inclusif, écrivent les conseillers électoraux.
Cette démission collective des conseillers coïncide également avec la démarche du président de la République qui s’est adressé cette semaine aux différents secteurs ayant des représentants aux CEP pour les confirmer ou les remplacer.
Moins de vingt-quatre heures après cette correspondance, les conseillers rendent le tablier.
La démission en bloc des conseillers électoraux intervient au moment où de nombreuses organisations de base et de la société civile dont le secteur des droits humains, INIBAZ, la Conférence des Pasteurs Haïtiens (COPAH) ont accentué la pression pour forcer les conseillers à démissionner après pratiquement trois (3) ans d’inactivité.
Jean Simon saint-Hubert, ex-représentant du secteur des droits humains au CEP a été le premier conseiller électoral à se retirer à la suite d’une correspondance de la Plateforme des Organisations Haïtiennes de Défense des Droits Humains (POHDH) qui l’avait appelé à la démission de son poste.
A six (6) mois de la fin constitutionnelle de son mandat, le président Jovenel Moïse qui n’a organisé aucune élection depuis trois ans, voudrait engager le pays dans des élections législatives et municipales pour renouveler le personnel politique du pays.
Le secteur syndical haïtien avait annoncé jeudi s’être désolidarisé de sa représentante au CEP, Madame Josette Dorcely.
Jovenel Moïse dirige le pays par décret depuis le 13 janvier 2020 date à laquelle le mandat des députés et d’un tiers du Sénat était arrivé à expiration. Le chef de l’Etat avait alors déclaré constater, par un tweet, la caducité du Sénat où siègent encore dix (10) sénateurs dont neuf (9) sont ses proches.
Cependant de nombreuses organisations politiques et de la société civile qui se sont regroupées en plateforme, ont déjà clairement exprimé leur refus de participer à des élections organisées par l’administration de Jovenel Moïse qu’elles soupçonnent déjà de vouloir manipuler le processus électoral à travers l’utilisation de la carte ‘’Dermalog.’’
C’est le cas de Fanmi Lavalas, du Secteur Démocratique et Populaire, de l’OPL, du MOPOD pour ne citer que ces partis-là qui réclament le départ immédiat du chef de l’Etat et la mise en place d’une transition en vue de la refondation de l’Etat d’Haïti, l’organisation des procès de Petro caribe et des massacres perpétrés ces derniers temps notamment dans la région métropolitaine, la réalisation d’une conférence nationale et l’adoption d’une nouvelle constitution.