‘‘Haïti parmi les 18 points chauds de la faim où l’insecurite alimentaire est en hausse’’- PAM…

Des produits alimentaires....

 PORT-AU-PRINCE, mercredi 5 juin 2024– Pas moins de 18 zones de crise souffrant déjà d’une grave insécurité alimentaire pourraient connaître une « tempête de la faim » sans une aide urgente, ont mis en garde jeudi des agences humanitaires de l’ONU.

Bien que de nombreux « points chauds de la faim » se trouvent en Afrique, les craintes de famine persistent à Gaza et au Soudan, où le conflit continue de faire rage, alimentant le risque régional de nouvelles urgences alimentaires, ont prévenu l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et le Programme alimentaire mondial (PAM).

« Une fois qu’une famine est déclarée, il est trop tard – de nombreuses personnes sont déjà mortes de faim », a déclaré Cindy McCain, la Directrice exécutive du PAM.

« En Somalie, en 2011, la moitié des 250.000 personnes qui sont mortes de faim ont péri avant que la famine ne soit officiellement déclarée. Le monde n’a pas tenu compte des avertissements à l’époque et les répercussions ont été catastrophiques.  Nous devons tirer la leçon et agir maintenant pour empêcher ces points chauds de déclencher une tempête de faim ».

Le rapport d’alerte précoce en partenariat avec les Nations Unies, qui couvre 17 pays et le groupe de pays touchés par la sécheresse (Malawi, Mozambique, Zambie et Zimbabwe), indique que le Mali, la Palestine, le Soudan et le Soudan du Sud restent au niveau d’alerte le plus élevé et requièrent l’attention la plus urgente.

Haïti a également été ajouté à cette liste en raison de l’escalade de la violence et des menaces qui pèsent sur la sécurité alimentaire.

La crise alimentaire dévastatrice en cours au Soudan du Sud est si grave que le nombre de personnes confrontées à la famine et à la mort devrait presque doubler entre avril et juillet 2024, par rapport à la même période en 2023.

« L’étroitesse des disponibilités alimentaires nationales et la forte dépréciation de la monnaie font grimper en flèche les prix des denrées alimentaires, aggravés par des inondations probables et des vagues récurrentes de conflits infranationaux », explique le rapport, en référence au Soudan du Sud.

« L’augmentation prévue du nombre de rapatriés et de réfugiés en provenance du Soudan risque d’aggraver l’insécurité alimentaire chez les nouveaux arrivants et les communautés d’accueil ».

Le PAM distribue de la nourriture aux réfugiés soudanais qui traversent le Tchad.© PAM/Eloge Mbaihondoum Le PAM distribue de la nourriture aux réfugiés soudanais qui traversent le Tchad.

Le Tchad, la Syrie et le Yémen sous les feux de la rampe

Le Tchad, la République démocratique du Congo, le Myanmar, la République arabe syrienne et le Yémen sont également des points chauds « très préoccupants », selon le rapport.

Dans ces pays, « un grand nombre de personnes » sont confrontées à une insécurité alimentaire aiguë et critique, à laquelle s’ajoute l’aggravation des facteurs de risque qui devraient encore intensifier les conditions de vie dans les mois à venir.

Depuis octobre 2023, la République centrafricaine, le Liban, le Mozambique, le Myanmar, le Nigéria, la Sierra Leone et la Zambie ont rejoint le Burkina Faso, l’Ethiopie, le Malawi, la Somalie et le Zimbabwe sur la liste des points chauds de la faim, où l’insécurité alimentaire aiguë est susceptible de se détériorer davantage dans les mois à venir.

Un champ de maïs gâché par la sécheresse en Zambie, l’un des pays qui a déclaré une situation d’urgence alors qu’il est aux prises avec les effets d’El Niño.© WFP/Nkole Mwape Un champ de maïs gâché par la sécheresse en Zambie, l’un des pays qui a déclaré une situation d’urgence alors qu’il est aux prises avec les effets d’El Niño.

Bien que les conflits restent l’un des principaux moteurs de l’insécurité alimentaire, le rapport conjoint d’alerte rapide du PAM et de la FAO souligne que les chocs climatiques sont également responsables, notamment le phénomène El Niño « qui perdure ».

Bien que ce phénomène météorologique touche à sa fin, « il est évident que son impact a été sévère et généralisé », insistent les auteurs du rapport, en soulignant la sécheresse dévastatrice en Afrique australe et les inondations massives en Afrique de l’Est.

En ce qui concerne l’impact potentiel et la « menace imminente » de La Niña entre août et février 2025, les agences des Nations Unies estiment qu’elle devrait influencer les précipitations de manière « significative ». Cela pourrait entraîner un changement climatique ayant des « conséquences majeures » dans plusieurs pays, notamment des inondations au Soudan du Sud, en Somalie, en Éthiopie, en Haïti, au Tchad, au Mali et au Nigeria, ainsi qu’au Soudan.

Des inondations meurtrières ont frappé certaines parties de l’Afrique de l’Est, dont le Burundi, au bord du lac Tanganyika.© WFP/Irenee Nduwayezu Des inondations meurtrières ont frappé certaines parties de l’Afrique de l’Est, dont le Burundi, au bord du lac Tanganyika.

Ces deux phénomènes météorologiques pourraient entraîner d’autres extrêmes climatiques « susceptibles de bouleverser des vies et des moyens de subsistance », met en garde le rapport des Nations Unies, qui soutient les appels à une action humanitaire immédiate et à grande échelle « pour prévenir d’autres famines et d’autres décès ».