Haïti : Me Jean Wilner Morin prend ses fonctions de protecteur du citoyen dans un contexte de crise politique et sécuritaire…

Jean Wilner Morin, juge instructeur, president de l'ANAMAH...

PORT-AU-PRINCE, jeudi 21 novembre 2024 – Me Jean Wilner Morin a officiellement pris ses fonctions de protecteur du citoyen par intérim, un poste crucial dans la défense des droits humains en Haïti. Nommé par un arrêté émis par le Conseil Présidentiel de Transition (CPT), il succède à Me Renan Hédouville, qui a terminé un mandat de sept ans à la tête de l’Office de la Protection du Citoyen (OPC).

La cérémonie d’investiture, tenue au siège de l’institution, a été présidée par Antoine Augustin, ministre de l’Éducation nationale, en présence du ministre de la Justice, des membres du Conseil Supérieur du Pouvoir Judiciaire (CSPJ), et de plusieurs représentants de la société civile.

Juge et magistrat instructeur reconnu pour son intégrité, Jean Wilner Morin a exprimé sa détermination à renforcer la mission de l’OPC en plaidant pour le respect des droits fondamentaux des citoyens. Il a également mis l’accent sur l’importance d’une gouvernance transparente, soulignant que son action serait tournée vers la protection des individus face aux abus d’autorité et aux violations systématiques des droits humains.

L’Office de la Protection du Citoyen (OPC) est une institution publique indépendante, créée pour veiller au respect des droits humains et lutter contre les abus de pouvoir. Le protecteur du citoyen agit en tant que médiateur entre les citoyens et l’administration publique, et sa mission inclut la dénonciation des actes portant atteinte aux droits fondamentaux, l’assistance aux victimes, ainsi que l’éducation à la citoyenneté.

Dans un pays comme Haïti, où les violations des droits humains sont quasi-systématiques, ce rôle prend une importance capitale. L’insécurité généralisée, marquée par la montée en puissance des gangs armés, a plongé des millions de personnes dans une situation d’extrême vulnérabilité. En parallèle, l’instabilité politique chronique affaiblit les institutions, rendant difficile la protection des citoyens contre les abus de pouvoir, les arrestations arbitraires ou encore les violences de toutes sortes.

Me Jean Wilner Morin hérite ainsi d’une mission particulièrement ardue dans ce contexte exceptionnellement difficile. L’OPC devra s’efforcer de dénoncer les injustices et de porter les revendications des citoyens devant des autorités souvent dysfonctionnelles. Cela implique également d’accompagner les victimes et de renforcer la sensibilisation autour des droits fondamentaux, notamment pour les femmes, les enfants et les personnes marginalisées, qui sont les principales cibles des violences et des inégalités en Haïti.

Au cours de son investiture, Me Morin a insisté sur la nécessité de restaurer la confiance des citoyens dans les institutions publiques. Il s’est engagé à travailler en toute impartialité pour rétablir un minimum de justice dans un pays où la méfiance envers l’État reste profondément ancrée. « Nous devons œuvrer pour une société où les droits humains ne sont plus une utopie, mais une réalité palpable pour tous les citoyens », a-t-il déclaré.

Cette nomination intervient alors que l’OPC doit également faire face à des défis structurels, notamment le manque de moyens financiers et humains pour mener à bien ses missions. L’efficacité de cette institution dépendra donc en grande partie de la volonté politique du gouvernement de transition et de la collaboration des autres acteurs de la société haïtienne, y compris les partenaires internationaux.

Dans ce contexte, l’arrivée de Me Jean Wilner Morin, connu pour sa rigueur et son sens du devoir, suscite un certain espoir. Mais les défis restent immenses dans un pays en proie à une crise multidimensionnelle.