PORT-AU-PRINCE, vendredi 1 mai 2024– Alors que les gangs utilisent les violences sexuelles pour instiller la peur en Haïti et renforcer leur emprise sur un pays en proie à l’insécurité, les agences humanitaires des Nations Unies expriment leur profonde préoccupation face à la montée des violences sexuelles dans cette nation des Caraïbes.
Les conditions de vie précaires dans les camps de personnes déplacées exposent particulièrement les femmes et les filles à la violence sexuelle et sexiste. Selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA), le nombre de cas de violences basées sur le genre a connu une “augmentation alarmante”.
Cette alerte d’OCHA survient dans un contexte de recrudescence des violences liées aux activités des groupes armés à Port-au-Prince depuis le 29 février, causant la mort, les blessures ou le déplacement de milliers de personnes cherchant sécurité et protection.
Le nombre de survivant(e)s de violences basées sur le genre a quintuplé entre les deux premiers mois de l’année et mars, passant de 250 à 1.543 cas. Les violences sexuelles constituent 75% des incidents rapportés. Parmi les survivants, 80% sont des femmes et 16% des filles. En outre, près de 80% des survivants sont des personnes déplacées et plus de 70% des incidents sont imputables aux auteurs des attaques.
Face à cette situation alarmante, les organisations humanitaires intensifient leurs activités de prévention et de sensibilisation, tout en fournissant un soutien psychosocial et des soins médicaux. Du 8 au 15 mai, le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) et ses partenaires ont apporté un soutien psychosocial à un millier d’enfants, dont plus de 600 filles, à Port-au-Prince, Delmas, Pétion-ville et sur un site de la commune de Tabarre.
La violence continue de sévir dans plusieurs quartiers de Port-au-Prince, où des attaques coordonnées affectent des milliers de personnes. Le 10 mai, une attaque dans la commune de Gressier a provoqué le déplacement d’environ 4.400 personnes. Depuis le 25 avril, 10.000 personnes se sont déplacées à la suite des attaques dans les communes de Delmas et Gressier.
Sur le plan humanitaire, le Programme alimentaire mondial (PAM) a repris la semaine dernière la distribution de vivres à Cité Soleil, une zone très vulnérable de Port-au-Prince, après une interruption de deux mois pour des raisons de sécurité. À la fin de cette opération, cette semaine, 95.000 personnes auront reçu une assistance alimentaire. Par ailleurs, le secteur logistique a affrété un navire le 15 mai pour transporter 11 camions chargés de 220 tonnes de nourriture destinées à réapprovisionner plusieurs centres de distribution alimentaire de Port-au-Prince vers la région sud du pays.
Il est à noter que le plan de réponse humanitaire de 674 millions de dollars pour Haïti n’est financé qu’à hauteur de 17%, avec seulement 111 millions de dollars reçus à ce jour.