Haïti : l’OIM alerte sur les risques de déstabilisation régionale et mondiale…

NEW-YORK, jeudi 17avril 2025 (RHINEWS)– La directrice générale de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), Amy Pope, a qualifié mercredi la crise haïtienne de « l’une des plus complexes et urgentes au monde », avertissant qu’elle pourrait avoir des conséquences directes sur la stabilité régionale et mondiale.

De retour d’une mission de haut niveau à Port-au-Prince, Mme Pope s’est adressée à la presse au siège des Nations Unies à New York. Elle a décrit une situation de plus en plus critique, marquée par l’expansion du contrôle territorial des gangs lourdement armés et par l’effondrement progressif des institutions publiques. « Haïti n’a pas reçu l’attention ni les financements qu’exige une crise de cette ampleur », a-t-elle déploré.

Selon l’OIM, plus d’un million de personnes sont actuellement déplacées à l’intérieur du pays, fuyant les violences. « Ce ne sont pas que des chiffres, ce sont des vies piégées dans une spirale de crise incessante », a déclaré Mme Pope, évoquant le cas poignant d’une mère obligée de fuir son quartier à trois reprises en deux mois, vivant sous une bâche avec ses enfants.

Malgré les conditions extrêmes, l’OIM intervient sur plus de 50 sites de déplacement, y compris dans des zones affectées par les violences, en apportant une aide d’urgence en matière de logement, de gestion de camps, de protection, ainsi qu’en eau, hygiène et assainissement.

La responsable onusienne a rencontré plusieurs autorités haïtiennes pour discuter de solutions structurelles, notamment le renforcement de la gouvernance migratoire, l’accès aux documents légaux et l’intégration des Haïtiens rapatriés, dont près de 200 000 ont été expulsés au cours des douze derniers mois, principalement depuis la République dominicaine.

Mais l’aide humanitaire est elle-même en péril. En raison de coupes budgétaires récentes, l’OIM a dû suspendre certaines de ses opérations. « Le peuple haïtien est confronté à l’impensable, et il a besoin de soutien — immédiatement », a insisté Mme Pope.

Elle a également mis en garde contre les conséquences d’un désengagement international : « Le coût de l’inaction ne se comptera pas seulement en vies humaines perdues, mais aussi en instabilité généralisée qui pourrait affecter bien au-delà des frontières haïtiennes. »