Haïti : “l’idéal révolutionnaire de Jean-Jacques Dessalines, la trahison des élites,” selon Hugues Célestin…

Hugues Celestin, coordonnateur de IPAM, departement du Nord...

QUARTIER-MORIN, dimanche 20 octobre 2024– Selon l’ex-député de Quartier-Lorin, Hugues Célestin, l’histoire d’Haïti est profondément marquée par l’idéal révolutionnaire de Jean-Jacques Dessalines, souvent trahi par les élites haïtiennes. Pour bien comprendre la portée de cette trahison, il est important de revenir aux origines de la lutte pour l’indépendance et les principes fondateurs établis par Dessalines.

Hugues Célestin rappelle que l’arrivée de Christophe Colomb et des Espagnols, le 5 décembre 1492, marque le début d’un génocide. Les populations autochtones d’Ayiti, Quisqueya, ou Bohio, ont été rapidement exterminées, et en 1517, le roi Charles Quint, sous l’influence de Las Casas, a autorisé l’importation de milliers d’Africains pour les soumettre à l’esclavage à Saint-Domingue. Dès lors, une longue période de résistance a émergé, et il a fallu attendre le 24 août 1791 pour que le soulèvement des esclaves, dirigé par Boukman, donne naissance à la période révolutionnaire. Selon Célestin, cette période est cruciale pour comprendre l’héritage de Dessalines.

Jean-Jacques Dessalines, après la capture de Toussaint Louverture, a pris la tête du mouvement pour libérer définitivement Saint-Domingue des forces coloniales. Comme le souligne Hugues Célestin, Dessalines est bien plus qu’un chef militaire ; il est le véritable architecte de l’indépendance haïtienne. « Nous avons osé être libres, osons l’être par nous-mêmes et pour nous-mêmes », avait proclamé Dessalines le 1er janvier 1804. Pour Célestin, cette déclaration symbolise la rupture définitive avec le système colonial.

Selon Hugues Célestin, l’idéal de Dessalines reposait sur trois grands piliers : la libération complète de l’île, la justice sociale et la souveraineté nationale. En premier lieu, Dessalines incarnait une libération totale, non négociée. Contrairement à Toussaint Louverture, qui cherchait à négocier avec l’Empire français, Dessalines rejetait toute forme de domination blanche. « Si nous ne nous vengeons pas de nos oppresseurs, nous ne méritons pas de jouir de la liberté », avait-il averti, selon Célestin.

Deuxièmement, la vision de Dessalines était centrée sur la justice sociale. Il avait compris que l’indépendance politique ne pouvait exister sans une autonomie économique. En nationalisant les terres des grandes plantations coloniales, Dessalines voulait permettre à tous les citoyens, en particulier les anciens esclaves, d’accéder à la terre. Cela devait instaurer une société égalitaire. Hugues Célestin rappelle qu’en 1804, Dessalines mettait en garde contre les hiérarchies raciales qui pouvaient recréer des inégalités : « Il savait que la minorité d’élites créoles cherchait à rétablir leur domination sur la majorité noire. »

Hugues Célestin insiste sur le fait que Dessalines accordait une importance primordiale à la souveraineté nationale. « Les Haïtiens ne signeront jamais leur propre honte », déclarait Dessalines en 1804, selon Célestin. Cette défense farouche de l’indépendance devait être totale, non seulement contre la France, mais contre toutes les puissances coloniales. Pour Hugues Célestin, cette vision de Dessalines était fondée sur l’idée que seule une nation véritablement souveraine, à l’abri des ingérences extérieures, pouvait assurer la liberté de son peuple.

Cependant, selon Hugues Célestin, les élites haïtiennes ont rapidement trahi cet idéal révolutionnaire. Les mesures agraires de Dessalines ont été vivement combattues par les élites créoles, qui cherchaient à préserver leurs privilèges économiques et sociaux. Cette trahison des élites, pour Hugues Célestin, est l’une des causes profondes des difficultés socio-économiques persistantes en Haïti. En refusant de suivre le modèle égalitaire et souverain proposé par Dessalines, elles ont maintenu le pays dans une situation de dépendance et d’inégalité.

Hugues Célestin conclut que la seule voie pour Haïti est de revenir aux idéaux fondateurs de Dessalines : une société juste, souveraine et libérée de toute forme de domination. La prochaine publication de l’ex-député s’intitulera : « L’idéal de Dessalines, les élites : des traîtres », où il compte approfondir la critique de cette trahison.