Haïti : “les violences sexuelles contre les enfants ont augmenté de 1.000 % et le recrutement par les gangs de 70 % en 2024, selon l’UNICEF”…

Des femmes reunies a l'occasion d'une rencontre via zoom pour discuter de la violennce sur les violences faites aux femmes/ image d'archives....

PORT-AU-PRINCE, vendredi 7 février 2025En 2024, les violences sexuelles contre les enfants en Haïti ont connu une augmentation alarmante de 1.000 % par rapport à l’année précédente, a annoncé vendredi l’UNICEF. L’organisation des Nations Unies pour l’enfance dénonce également une montée vertigineuse du recrutement d’enfants par les gangs, qui contrôlent désormais 85 % de la capitale, Port-au-Prince.

« En Haïti, les violences sexuelles à l’encontre des enfants ont augmenté de 1.000 %, transformant leurs corps en champs de bataille », a déclaré à Genève James Elder, porte-parole de l’UNICEF. Il décrit une situation où les groupes armés infligent des atrocités inimaginables aux enfants. Selon l’UNICEF, ces crimes restent largement sous-médiatisés. « Il est presque aussi stupéfiant de constater à quel point ces statistiques macabres n’ont pas fait l’objet d’une couverture médiatique », s’est-il indigné. Il souligne que l’impact de cette violence ne se limite pas aux victimes directes : « La douleur ne s’arrête évidemment pas aux survivants, elle se propage dans les familles, brise les communautés et marque la société dans son ensemble. »

L’UNICEF alerte également sur l’augmentation dramatique du recrutement d’enfants par les gangs, qui sème la terreur dans la capitale haïtienne. En 2024, ce phénomène a augmenté de 70 %. « À l’heure actuelle, jusqu’à la moitié de tous les membres des groupes armés sont des enfants – certains âgés de huit ans à peine », a détaillé James Elder, de retour d’une mission en Haïti. Beaucoup d’entre eux sont enrôlés de force, tandis que d’autres, manipulés ou poussés par la misère, finissent entre les mains des gangs. « C’est un cycle mortel : les enfants sont recrutés par les groupes qui alimentent leur propre souffrance », a-t-il expliqué. L’UNICEF estime que 1,2 million d’enfants vivent sous la menace constante de la violence armée dans le pays.

La situation sécuritaire à Port-au-Prince est devenue critique. Avec 85 % de la capitale sous le contrôle des gangs, l’insécurité atteint des niveaux sans précédent. « Les cours de récréation, les écoles et les maisons se sont transformées en champs de bataille », indique l’UNICEF, forçant de nombreuses familles à fuir. Plus de 500.000 enfants ont ainsi été déplacés et plus de 300.000 sont privés d’éducation à cause des fermetures d’écoles.

Alors que les violences s’intensifient, les infrastructures sanitaires haïtiennes s’effondrent. Plus de la moitié des établissements de santé du pays manquent d’équipements et de médicaments essentiels pour traiter les enfants en cas d’urgence. Face à cette crise, l’UNICEF estime que 3 millions d’enfants auront besoin d’une aide humanitaire d’urgence en 2025. Pourtant, l’appel de fonds d’urgence lancé par l’organisation pour Haïti, d’un montant de 221 millions de dollars, n’a été financé qu’à 70 %.

L’annonce de ces chiffres par l’UNICEF intervient alors que le Secrétaire d’État américain, Marco Rubio, vient d’annoncer une dérogation au gel de l’aide à Haïti. Cette décision ouvre la voie à une assistance de 40,7 millions de dollars en faveur de la Mission multinationale d’appui à la sécurité (MMAS), dirigée par le Kenya. En octobre 2023, le Conseil de sécurité des Nations Unies avait approuvé cette mission, chargée d’appuyer la police haïtienne dans sa lutte contre la violence des gangs. Cependant, face à l’ampleur de la crise humanitaire, l’UNICEF insiste sur l’urgence d’une mobilisation internationale pour protéger les enfants haïtiens, pris au piège d’un pays ravagé par l’insécurité.