PORT-AU-PRINCE, mardi 16 août 2022- Alors que l’économie haïtienne est au bord de l’effondrement, les habitants de la capitale Port-au-Prince sont confrontés à la violence croissante des gangs, avec une augmentation des récits de meurtres, d’enlèvements, de viols et de déplacements forcés.
L’accès aux quelques centres de santé et hôpitaux qui fonctionnent encore est devenu dangereux, voire impossible, a prévenu mardi l’agence des Nations Unies spécialisée dans la santé sexuelle et reproductive (UNFPA).
« Ne pas pouvoir recevoir des soins de santé sexuelle et reproductive critiques met en danger la vie des femmes et des filles dans le besoin, en particulier les survivantes de violences sexuelles et environ 85.000 femmes actuellement enceintes – dont environ 30.000 doivent accoucher en pleine crise au cours des trois prochains mois », a souligné l’agence dans un communiqué de presse.
Une femme enceinte a déclaré à l’UNFPA qu’elle avait tout perdu en fuyant sa maison : son mari a été tué par balle dans le quartier de Cité Soleil et elle dépend désormais entièrement de l’aide humanitaire pour survivre. Des femmes et des filles ont déclaré avoir été violées par des gangs déterminés à inciter à la terreur et à se venger de ceux qui se trouvaient dans des quartiers contrôlés par des rivaux.
Haïti a déjà le taux de mortalité maternelle le plus élevé d’Amérique latine et des Caraïbes. Aujourd’hui, avec l’intensification des combats dans la capitale et de nombreux services essentiels et établissements de santé toujours endommagés ou détruits dans le sud du pays à la suite du tremblement de terre de l’année dernière, les besoins humanitaires montent en flèche : plus de 4,9 millions de personnes ont actuellement besoin d’aide, dont quelque 1,3 million de femmes en âge de procréer.
Le quartier de Cité Soleil dans la capitale Port-au-Prince abrite plus de 250.000 personnes et a subi certains des combats les plus féroces, avec des centaines de morts, de blessés ou de disparus. Au moins 17.000 personnes de la grande région de Port-au-Prince ont été chassées de chez elles au cours des derniers mois, se réfugiant dans des camps de fortune ou chez des proches.
Sans accès aux services essentiels, la santé, le bien-être et la survie des femmes et des filles sont dangereusement compromis, prévient l’UNFPA.
Le personnel de l’agence onusienne sur le terrain aide les survivantes de la violence sexiste à rechercher une assistance juridique, psychosociale et médicale, distribue des fournitures médicales et des lampes solaires aux sites accueillant des déplacés et garantit des options d’évacuation pour garantir que les femmes enceintes souffrant de complications reçoivent des soins obstétriques et néonatals d’urgence.
Des centaines de kits de dignité et de maternité ont été distribués dans quatre sites de déplacement à Port-au-Prince pour aider les femmes et les filles les plus vulnérables qui ont fui leurs maisons sans assez de temps pour emporter leurs biens les plus essentiels. Les kits de dignité contiennent des produits de santé et d’hygiène pour les femmes tandis que les kits de maternité contiennent des articles de soins pour les mères et les nouveau-nés, dont le contenu devrait durer trois mois pour chaque femme.
Pour assurer des services de santé sexuelle et reproductive aux femmes et aux filles piégées dans des zones autrement inaccessibles, huit cliniques mobiles soutenues par l’UNFPA seront déployées et travailleront en collaboration avec les centres de santé locaux. L’UNFPA forme également des défenseurs communautaires pour les sensibiliser aux risques et aux mesures de protection contre la violence sexiste, ainsi qu’aux services de santé et aux espaces sûrs de rétablissement disponibles pour les survivantes.
Au-delà de la réponse immédiate, il reste encore beaucoup à faire pour éviter que la crise ne dégénère de manière incontrôlable. Un accès sûr aux prestataires de soins de santé et le financement des services sont nécessaires de toute urgence pour prévenir des niveaux élevés de grossesses non désirées, de décès maternels et pour protéger les femmes et les filles contre la violence sexuelle.
« Aucune femme ne devrait mourir en donnant la vie. Aucune femme ne devrait être soumise à un viol ou à d’autres formes de violence sexiste. L’UNFPA s’est engagé à améliorer les services de santé et de protection et à sauver des vies », a déclaré le représentant de l’UNFPA en Haïti, Saidou Kaboré.
source:ONU