PORT-AU-PRINCE, jeudi 15 février 2024– Dans un contexte marqué par des attaques soutenues contre des civils perpétrées par des groupes armés, des déplacements massifs de populations et des troubles civils en Haïti, le Programme alimentaire mondial des Nations Unies (PAM) a lancé un appel pressant ce jeudi pour un accès sans entrave des agences humanitaires et une circulation fluide des produits alimentaires. L’objectif : éviter que les niveaux de faim déjà alarmants ne dégénèrent en une catastrophe humanitaire de grande ampleur.
Malgré ses efforts continus pour fournir une aide alimentaire d’urgence en Haïti, le PAM se trouve confronté à des obstacles majeurs. En effet, la récente intensification de la violence a entravé son action, privant ainsi plus de 370 000 Haïtiens parmi les plus vulnérables de l’assistance nécessaire depuis le début du mois de février. Actuellement, près de 44 % de la population haïtienne est confrontée à une insécurité alimentaire aiguë, luttant pour subvenir à ses besoins les plus élémentaires.
Jean-Martin Bauer, Directeur pays du PAM en Haïti, a souligné dans un communiqué de presse que « la recrudescence de la violence a bloqué les routes d’approvisionnement, entravé les déplacements et contraint à la fermeture des écoles, obligeant ainsi le PAM à suspendre temporairement de nombreuses activités à travers le pays ». Cette situation risque de précipiter dans une détresse extrême près de 1,4 million d’Haïtiens déjà en situation de famine imminente.
Les enfants, particulièrement vulnérables, sont parmi les plus durement touchés par cette spirale de violence et d’instabilité. La fermeture des écoles prive près de 300 000 écoliers des repas chauds quotidiens fournis par le PAM, souvent leur seul repas complet de la journée. À Port-au-Prince, la situation est critique, avec l’impossibilité pour le PAM de fournir des rations alimentaires à 56 000 personnes dans le quartier défavorisé de Cité Soleil, ainsi qu’à des centres de distribution alimentaire pour les personnes déplacées. Selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), plus de 20 000 habitants de la capitale haïtienne ont été contraints de fuir leur domicile depuis le début de l’année.
Face à cette crise humanitaire qui s’aggrave, le PAM cherche des solutions innovantes pour continuer son action. En collaboration avec le ministère des Affaires sociales et du Travail, le PAM met en place des transferts numériques via des téléphones mobiles pour aider les ménages vulnérables du département de Grand’Anse, assurant ainsi une assistance continue malgré les défis sécuritaires.
Dans un contexte où plus de 1 000 écoles ont été temporairement fermées en raison des troubles civils et des manifestations, les partenaires humanitaires alertent également sur l’augmentation des prix des denrées alimentaires, aggravant encore la situation déjà précaire des populations les plus démunies.
En début de semaine, Ulrika Richardson, Coordonnatrice humanitaire des Nations Unies en Haïti, a condamné avec fermeté la violence qui s’est intensifiée à Port-au-Prince et dans tout le pays. Elle a souligné la nécessité de protéger les civils et les infrastructures civiles, ainsi que l’impératif pour les acteurs humanitaires d’avoir un accès sécurisé et sans entrave aux populations dans le besoin.
Dans l’attente d’une amélioration de la situation sécuritaire, le PAM reste déterminé à poursuivre son action pour atteindre les 2,4 millions de personnes prévues pour recevoir une aide d’urgence en 2024. En collaboration avec le gouvernement, des programmes à plus long terme sont également envisagés pour aider les Haïtiens à sortir de cette crise alimentaire et à reconstruire leur autonomie.