Genève, dimanche 11 juillet 2021- Près d’un tiers de tous les enfants en Haïti soit au moins 1,5 million – ont un besoin urgent de secours en raison de la montée de la violence, de l’accès limité à l’eau potable, à la santé et à la nutrition, les services d’éducation et de protection étant perturbés en période de COVID-19.
L’UNICEF s’est dit profondément préoccupé par le fait que la poursuite de la violence et de l’insécurité après l’assassinat du président haïtien pourrait poser de sérieux défis au travail humanitaire de ses équipes sur le terrain et à leur capacité à atteindre en toute sécurité les enfants et les familles les plus vulnérables.
‘’Alors que l’UNICEF dispose de fournitures vitales en Haïti, la violence et l’instabilité prolongées pourraient empêcher la livraison et la reconstitution des stocks d’articles essentiels pour les enfants, notamment des vaccins, des médicaments et des fournitures médicales, ainsi que des traitements pour ceux qui souffrent de malnutrition,’’ selon un communiqué de l’UNICEF.
‘’Il s’agit de la pire crise humanitaire que le pays ait connue au cours des dernières années, et elle s’aggrave de semaine en semaine,’’ a déclaré Bruno Maes, représentant de l’UNICEF en Haïti. ‘’La vie de nombreux enfants dépend de l’aide humanitaire et des articles essentiels, tels que les vaccins, les seringues, les médicaments et les aliments thérapeutiques. Lorsque les gangs se battent dans la rue et que les balles volent, il est difficile d’atteindre les familles les plus vulnérables avec ces fournitures vitales. À moins que les organisations humanitaires n’obtiennent un passage sûr, des milliers d’enfants touchés continueront de recevoir peu ou pas d’assistance,’’ a-t-il souligné.
L’UNICEF s’est également dit alarmé par la situation humanitaire désastreuse des enfants et des familles en Haïti, qui se détériore rapidement depuis le début de cette année. ‘’Au cours des trois premiers mois de 2021 seulement, le nombre d’admissions d’enfants souffrant de malnutrition aiguë sévère dans les établissements de santé à travers Haïti a augmenté de 26% par rapport à l’année dernière,’’ a-t-on précisé.
Depuis début juin, de nouveaux affrontements entre gangs armés rivaux ont éclaté dans certaines zones urbaines de la capitale Port-au-Prince, qui ont conduit à des centaines de maisons incendiées ou endommagées. Plus de 15 000 femmes et enfants ont été contraints de fuir leur foyer en raison d’actes de violence à Port-au-Prince et dans ses environs, et 80 % d’entre eux au cours des quatre dernières semaines seulement.
‘’Ce récent pic de violence se dénoue au milieu d’une augmentation progressive des cas de COVID-19 en Haïti. Fin juin, plus de 18 500 cas confirmés de COVID-19 et 425 décès avaient été signalés. Les principaux hôpitaux dédiés au COVID-19 sont saturés et font face à une pénurie d’oxygène. Certains patients meurent parce que la violence des gangs armés empêche les ambulances de les atteindre avec de l’oxygène et des soins d’urgence,’’ a fait remarquer l’UNICEH.
‘’ Haïti est le seul pays de l’hémisphère occidental où aucune dose du vaccin COVID-19 n’a été reçue. C’est inacceptable”, a déclaré Bruno Maes. ‘’La violence des gangs à Port-au-Prince et dans ses environs est susceptible de retarder davantage l’arrivée des vaccins COVID-19 et de compliquer leur distribution à travers le pays. Au milieu de la recrudescence des cas de coronavirus en Haïti, tout jour supplémentaire sans vaccin met des centaines de vies en danger,’’ a encore souligné le responsable.
Dans tout le pays, l’UNICEF soutiendra la distribution, le transport et le stockage des vaccins COVID-19 à la bonne température. Au cours des trois dernières années, l’UNICEF a installé plus de 920 réfrigérateurs solaires en Haïti pour renforcer la chaîne du froid, principalement dans les zones reculées où l’électricité n’est pas fiable. Au total, l’UNICEF a équipé 96 % de tous les établissements de santé d’Haïti de réfrigérateurs solaires, a indiqué cet organe des Nations-Unies.
L’UNICEF a précisé que l’augmentation de la criminalité des gangs et l’augmentation de l’insécurité ont entravé les opérations humanitaires dans la périphérie de Port-au-Prince. Par conséquent, l’UNICEF a intensifié ses efforts pour utiliser une logistique plus sophistiquée et envisager des itinéraires alternatifs pour apporter une assistance plus efficace aux enfants dans le besoin.
L’UNICEF exhorte à mettre fin à la violence des gangs en Haïti et appelle à un passage sûr pour atteindre les familles touchées avec une aide humanitaire dans les zones les plus touchées de Port-au-Prince.
‘’Pour 2021, l’UNICEF recherche 48,9 millions de dollars américains pour répondre aux besoins humanitaires de 1,5 million de personnes en Haïti, dont plus de 700 000 enfants, qui ont été exacerbés par la pandémie de COVID-19 et la violence des gangs. Jusqu’à présent, cet appel humanitaire est resté largement sous-financé, avec seulement 31 % des fonds nécessaires disponibles,’’ conclut le communiqué.