PORT-AU-PRINCE, mardi 25 février 2025-Plus de 6.000 personnes ont été contraintes de fuir leur domicile en l’espace de quelques semaines en Haïti, victimes d’une escalade de violence perpétrée par des gangs armés qui contrôlent une large partie du pays et entravent les efforts humanitaires déployés pour venir en aide aux populations affectées. Les Nations Unies ont tiré la sonnette d’alarme mardi, dénonçant une situation qui continue de se détériorer, rendant la vie des Haïtiens de plus en plus insoutenable.
Depuis la fin du mois de janvier, une vague de « brutalité extrême » s’est abattue sur plusieurs régions du pays, entraînant « de nombreuses pertes en vies humaines » et contraignant des milliers de personnes à l’exode. Parmi ces déplacés, au moins 2.000 ont été recensés dans les municipalités de Delmas, Port-au-Prince et Pétion-Ville, tandis que plus de 4.100 autres ont fui Kenscoff, une commune située dans les hauteurs de la capitale.
L’Équipe humanitaire pays en Haïti, qui regroupe les agences des Nations Unies, des ONG nationales et internationales ainsi que des bailleurs de fonds, s’est déclarée « profondément alarmée et consternée par l’intensité inacceptable et inhumaine de la violence qui s’abat sur Haïti ». Dans un communiqué, elle a dénoncé des attaques d’une brutalité inouïe, au cours desquelles des familles entières ont été « anéanties à leur domicile », tandis que d’autres, parmi lesquelles des enfants et même des nourrissons, ont été abattues alors qu’elles tentaient de fuir les combats.
Cette récente flambée de violences s’inscrit dans la continuité du massacre de Wharf Jérémie, survenu en décembre dernier, lorsque des affrontements entre groupes armés dans la commune de Cité Soleil, à Port-au-Prince, avaient conduit à l’exécution de plus de 200 personnes par le gang qui contrôle cette zone. Depuis, la situation sécuritaire ne cesse de se dégrader, plongeant la population dans un climat de peur et d’incertitude permanente.
Les Nations Unies soulignent que la vie quotidienne de nombreux Haïtiens est désormais rythmée par la violence, la faim, les maladies et l’angoisse du lendemain. Les femmes, les filles et les enfants sont particulièrement exposés à de graves dangers, notamment aux violences sexuelles, qui se multiplient dans un contexte où l’impunité est totale.
Le bilan de l’année 2024 est déjà alarmant. Selon l’ONU, les violences ont fait au moins 5.600 morts et provoqué le déplacement de plus d’un million de personnes. La protection de la population civile doit être une priorité absolue, insistent les Nations Unies, appelant les acteurs impliqués à assumer leurs responsabilités.
« Nous condamnons avec la plus grande fermeté toute attaque contre les populations civiles et les infrastructures, en l’occurrence celle ayant ciblé le 13 février l’hôpital de l’Université d’État d’Haïti. Ces actes violent les droits de l’homme et privent les plus vulnérables de services vitaux essentiels », a déclaré Ulrika Richardson, Coordinatrice humanitaire des Nations Unies en Haïti.
Malgré ce contexte dramatique, la communauté humanitaire affirme sa détermination à poursuivre son action sur le terrain, afin de venir en aide aux millions d’enfants, de femmes et d’hommes en situation de détresse. Mais au-delà des interventions d’urgence, les agences humanitaires insistent sur la nécessité d’une approche globale, combinant aide humanitaire immédiate et initiatives de développement à long terme. Pour ce faire, elles comptent coordonner leurs efforts avec les acteurs locaux et internationaux engagés dans la consolidation de la paix, afin d’apporter des solutions durables qui permettront de renforcer la résilience des communautés haïtiennes.
Face à cette spirale de violence incontrôlée, les humanitaires exhortent toutes les parties impliquées à mettre un terme à ces exactions et à engager un processus de désescalade. « Les actions de mobilisation de la communauté internationale en faveur d’Haïti se poursuivront afin de garantir les financements nécessaires pour répondre aux besoins urgents et restaurer la dignité des personnes affectées », a souligné l’Équipe humanitaire.
L’ampleur de la crise sécuritaire en Haïti soulève des interrogations sur la capacité des autorités nationales et des instances internationales à répondre efficacement à cette situation d’urgence. Alors que les gangs continuent d’étendre leur influence, prenant le contrôle de nouvelles zones et multipliant les exactions, la population haïtienne, livrée à elle-même, attend des actions concrètes pour restaurer la sécurité et mettre fin à ce cycle infernal de terreur.