Haïti : la POHDH alerte sur les conditions « inhumaines » de détention des femmes et filles incarcérées au CERMICOL et interpelle l’État…

Pison civile des femmes de Cabaret....

PORT-AU-PRINCE, vendredi 25 avril 2025 (RHINEWS)– La Plateforme des Organisations Haïtiennes des Droits Humains (POHDH) a exprimé vendredi sa profonde préoccupation face à la situation dégradante des femmes et filles actuellement détenues au Centre de Réinsertion des Mineurs en Conflit avec la Loi (CERMICOL), où elles ont été transférées après la fermeture de la prison civile de Cabaret.

À travers un communiqué diffusé depuis son siège à Turgeau, la POHDH déclare avoir effectué plusieurs visites d’observation et de solidarité dans les locaux du centre et y avoir constaté des conditions de détention qu’elle juge critiques, portant gravement atteinte à la dignité humaine et aux droits fondamentaux. Plus de 158 femmes et filles seraient aujourd’hui enfermées dans deux petites cellules insalubres, mal aérées, sans accès à une hygiène minimale et privées d’une alimentation saine et équilibrée. La plateforme dénonce une situation de promiscuité extrême, de malnutrition et d’abandon, d’autant plus inacceptable que plus de 80 % des détenues sont en situation de détention préventive prolongée.

Sur le plan sanitaire, la POHDH évoque des risques graves liés à la présence de maladies infectieuses telles que la tuberculose ou le VIH/SIDA parmi les détenues, alors que le personnel médical affecté au secteur féminin du centre travaille dans des conditions qu’elle qualifie d’abjectes. L’accès aux soins est gravement compromis par la pénurie de médicaments et l’absence d’équipements de base. La plateforme tire également la sonnette d’alarme quant au départ programmé de l’ONG Health Through Walls, jusque-là principal acteur de la couverture sanitaire dans les prisons haïtiennes, en raison du retrait progressif de l’USAID.

La POHDH dénonce une double faillite : celle d’un système judiciaire incapable d’assurer un traitement rapide et équitable des dossiers, et celle d’un appareil étatique impuissant à garantir des conditions de détention conformes aux normes humanitaires. Elle appelle l’État haïtien à assumer pleinement ses responsabilités, notamment en protégeant les infrastructures carcérales toujours sous la menace d’attaques, à l’instar de celles récemment perpétrées contre plusieurs établissements pénitentiaires par la coalition armée connue sous le nom de « Viv Ansanm ». Le centre du CERMICOL, qui abrite désormais une population carcérale mixte dans des installations inadaptées, constitue selon la plateforme une cible potentielle qu’il convient de sécuriser immédiatement.

La POHDH demande ainsi aux autorités judiciaires et pénitentiaires de prendre des mesures concrètes et urgentes pour garantir la prise en charge judiciaire des détenues, en réduisant sensiblement la détention préventive prolongée, en améliorant leurs conditions de détention à travers un accès effectif à une alimentation équilibrée, à des soins de santé de qualité et à un environnement salubre. Elle appelle également à une réorganisation complète de l’espace carcéral dans le respect des spécificités de genre, à l’affectation d’un personnel formé pour l’encadrement des femmes détenues, à la garantie de leur sécurité contre toute forme d’agression ou d’abus, ainsi qu’à la préservation de leur intégrité physique et morale.

Dans une déclaration transmise à la presse, Fermy Pier Vilus, représentant de la POHDH, affirme que « maintenir ces femmes et ces jeunes filles dans un environnement aussi dégradant est une violence institutionnelle intolérable, une atteinte flagrante à la dignité humaine et une honte pour tout État qui prétend respecter les droits de la personne humaine ». Il insiste sur l’urgence d’une réaction étatique à la hauteur de la gravité de la situation.