Haïti : “la FAO intensifie son soutien agricole pour prévenir la famine et l’UNICEF appelle à des actions urgentes pour sauver l’éducation des enfants déplacés”…

Rein Paulsen, Directeur du Bureau des urgences et de la résilience de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO)...

PORT-AU-PRINCE, mercredi 11 septembre 2024– Lors d’une visite en Haïti cette semaine, des hauts responsables de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) ont réaffirmé l’engagement de l’agence à fournir un soutien agricole pour prévenir la faim qui menace une grande partie de la population.Rein Paulsen, Directeur du Bureau des urgences et de la résilience de la FAO, accompagné d’Adoniram Sanches, Coordonnateur sous-régional de la FAO pour la Mésoamérique, s’est rendu en Haïti pour soutenir Pierre Vauthier, le nouveau Représentant de la FAO, dans la coopération internationale visant à répondre à l’insécurité alimentaire alarmante.

Depuis février 2024, l’escalade de la violence et les déplacements massifs de population ont gravement affecté la production agricole et perturbé les marchés, laissant près de cinq millions de personnes en situation de faim aiguë. Environ 125 000 enfants souffrent de malnutrition aiguë sévère. La FAO a donc lancé un appel à la communauté internationale pour mobiliser 48 millions de dollars dans le cadre du Plan de réponse humanitaire 2024, visant à soutenir 608 000 personnes avec des activités agricoles d’urgence. Selon Rein Paulsen, « des fonds supplémentaires sont nécessaires pour sauver des vies, prévenir la faim et aider les populations vulnérables à rétablir leurs moyens de subsistance dans un contexte de violence et de déplacements sans précédent. »

Pour répondre à cette crise, la FAO mise sur des solutions durables comme la production alimentaire locale et l’accès aux semences, des stratégies qui ont montré leur efficacité. En fournissant des transferts monétaires, des kits d’intrants agricoles et des formations, l’organisation vise à renforcer l’accès à la nourriture pour les populations vulnérables, notamment dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince et le département de la Grand’Anse. Cette approche permet aux ménages touchés par la crise de répondre à leurs besoins immédiats tout en produisant leur propre nourriture, garantissant ainsi un minimum de revenus et la protection de leurs actifs productifs. Cependant, la FAO insiste sur le fait que sans un financement supplémentaire, ses efforts pour atténuer cette crise humanitaire seront gravement compromis.

Lors d’une visite de terrain à Grand’Anse, Rein Paulsen et Adoniram Sanches ont pu constater les résultats positifs des initiatives de la FAO, telles que la production laitière, maraîchère et le programme d’alimentation scolaire. L’agriculture reste en effet une planche de salut essentielle pour 75 % des personnes touchées par l’insécurité alimentaire. Des données de 2023 montrent qu’un investissement de 480 dollars permet à une famille de cinq personnes de cultiver des aliments de base pendant six mois, alors qu’un montant de 200 dollars permet de produire une variété de légumes nutritifs d’une valeur de 2 500 dollars sur le marché local.

Par ailleurs, la crise humanitaire provoquée par la violence affecte également le secteur éducatif. Le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) a averti que l’éducation de plus de 100 000 enfants d’âge scolaire déplacés dans le Grand Sud est en danger. L’intensification de la violence à Port-au-Prince et ses environs a mis une pression énorme sur les communautés locales, déjà fragilisées par des infrastructures sociales précaires. « Les familles déplacées font face à des défis redoutables pour assurer l’éducation de leurs enfants, alors que les services locaux sont débordés », a déclaré Bruno Maes, Représentant de l’UNICEF en Haïti.

Avec l’arrivée de 103 000 enfants déplacés dans le Grand Sud, les services éducatifs sont sous forte pression. À l’échelle nationale, 919 écoles dans l’Ouest et l’Artibonite ont fermé, affectant environ 156 000 élèves. L’UNICEF travaille avec le gouvernement haïtien pour réhabiliter les écoles endommagées et mettre en place des espaces d’apprentissage temporaires. Des transferts d’argent sont également facilités pour aider les familles à couvrir les frais liés à la scolarité. Cependant, l’UNICEF a besoin de 87 millions de dollars pour répondre aux besoins urgents de la rentrée scolaire. Jusqu’au 1er août 2024, seulement 5,4 millions avaient été collectés.

« La pression sur les services éducatifs souligne l’urgence d’un soutien international accru », a déclaré Bruno Maes, exhortant la communauté internationale à fournir les ressources nécessaires pour permettre aux enfants haïtiens de retourner à l’école.