Photo/Wando Saint-Villier
Port-au-Prince, 10 juin 2020- Les activités sont perturbées notamment au niveau des tribunaux de paix et ceux de première instance en raison d’une grève illimitée déclenchée par les juges des différents grades et de tout rang de l’ensemble des juridictions de justice du pays.
C’est une initiative de plusieurs associations de juges dont l’ANAMAH (Association Nationale des Magistrats Haïtiens) l’APMH (Association Professionnelle des Magistrats Haïtiens) le RENAMAH (Réseau National des Magistrats Haïtiens) et l’AJPH (Association des Juges de Paix Haïtiens) qui vise à faire pression sur l’exécutif pour offrir un meilleur traitement au corps judiciaire.
Les magistrats observent cette grève pour dénoncer leurs mauvaises conditions de travail et le mépris du pouvoir exécutif vis-à-vis du pouvoir judiciaire traité généralement en parent-pauvre.
Les magistrats exigent entre autres l’ajustement de leur salaire, la nomination et ou le renouvellement du mandat de certains juges et la construction de tribunaux à travers le pays.
Le président de l’ANAMAH, Jean Wilner Morin estime anormal que le budget consacré au pouvoir judiciaire soit largement inférieur à celui du pouvoir législatif alors que le parlement est actuellement dysfonctionnel.
Wando Saint-Villier, président de l’APMH, dénonce les conditions exécrables de travail des juges dans des tribunaux logés dans des taudis dépourvus du strict minimum dont ils ont besoin pour fonctionner.
Selon le magistrat, cette situation ne fait pas honneur à la justice ni aux juges. Actuellement, près de 183 tribunaux fonctionnent dans des bâtisses qui ne répondent à aucune norme. “Elles représentent une menace pour la vie des magistrats qui y siègent ainsi que pour les justiciables, précise-t-il.”
Il met l’accent également sur l’absence de volonté de faire fonctionner la justice convenablement. Il affirme que des juges pour lesquels le Conseil Supérieur du Pouvoir Judiciaire (CSPJ) a rendu des avis favorables sont en attentes depuis quatre (4) ans du renouvellement de leur mandat.
Selon Wando Saint-Villier, il s’agit d’une anomalie grave qui entrave le bon fonctionnement des tribunaux et la bonne distribution de la justice. Il appelle au soutien de la société civile pour aider les magistrats à obtenir gain de cause.
‘’Si la justice fonctionne bien et que les juges travaillent dans des conditions dignes de leur rang, cela aura un impact positif sur l’ensemble de la société et sur l’Etat de droit, souligne le magistrat.’’