PORT-AU-PRINCE, samedi 18 mars 2023– Alors que sa demande d’intervention militaire étrangère en Haïti demeure, jusqu’à date, sans suite, Ariel Henry semble vouloir faire chanter la communauté internationale en exprimant son intention de mobiliser ‘‘l’Armée’’ pour combattre les gangs armés qui assiègent la capitale haïtienne et contrôlent d’autres parties du pays.
Lors d’une visite au quartier général des Forces Armées d’Haïti (FAd’H), le premier ministre de fait a déclaré qu’il avait l’intention de mobiliser toutes les forces de sécurité du pays dans la lutte contre la violence criminelle des gangs.
Produite officiellement depuis le 6 octobre 2022, cette demande controversée de déploiement de troupes étrangères en Haïti pour résoudre le problème des gangs armés, continue d’être analysée par les puissances occidentales déjà engagées en Ukraine et qui en font très peu de cas d’Haïti.
Alors que cette demande est en souffrance depuis près de six (6) mois, les gangs armés montent en puissance et contrôlent quasiment 100% de la région métropolitaine de Port-au-Prince et une bonne partie du département de l’Artibonite.
« Etes-vous prêts à travailler main dans la main avec les forces de l’ordre dans la lutte contre l’insécurité ? a demandé Henry aux militaires lors de sa visite au quartier général des FAd’H.
« L’Haïti que nous voulons, nous ne pourrons pas la construire avec des gangs qui sévissent partout. Ils doivent entendre raison, ou nous leur ferons entendre raison malgré eux », a-t-il déclaré.
Depuis son arrivée au pouvoir en remplacement de Jovenel Moise assassiné le 7 juillet 2021, Ariel Henry a toujours fait du rétablissement de la sécurité dans le pays, une priorité.
Cependant, vingt (20) mois après, les bandits ont pris le dessus sur la police nationale qui ne parvient toujours pas démanteler les gangs qui agissent impunément.
Avant lui, Jovenel Moise avait promis aussi de mobiliser l’Armée contre les gangs qui opèrent dans l’Artibonite.
La violence criminelle entretenue dans le pays, a provoqué jusqu’ici le déplacement de dizaines de milliers d’Haïtiens, qui, selon le dernier rapport de l’ONU sur la situation en Haïti, a atteint des niveaux jamais vus depuis des décennies.
Généralement considérée comme une force d’occupation indigène pour ses exactions sur la population, l’Armée d’Haïti, ex-Garde d’Haïti, héritage de l’occupation américaine, a été dissoute en 1995 et remplacée par une police civile formée notamment par les Etats-Unis et le Canada.
Remobilisées dans la controverse en 2017 par l’ex-président Jovenel Moise, les FAd’H comptent aujourd’hui environ 2 000 soldats qui ont été formés en Argentine, au Mexique et en Colombie.
Cette Armée non équipée, qui fonctionne avec un budget dérisoire, est dirigée depuis plus de cinq (5) ans par un général en chef intérimaire, Jodel Lessage dont le choix n’a jamais été soumis pour ratification au Sénat de la République lorsque le Parlement était encore fonctionnel jusqu’au 13 janvier 2020.