NEW-YORK, mercredi 21 décembre 2022– S’adressant au Conseil de sécurité consacré à la situation dramatique en Haïti, Amina Mohammed, Vice-Secrétaire générale de l’ONU, a stigmatisé la violence qui ravage le pays mais aussi appelé à plus de solidarité en faveur du développement durable, « l’outil suprême de prévention des crises ».
Lors de sa dernière visite en Haïti en février dernier, suivant le tremblement de terre qui avait frappé la péninsule sud de Haïti en 2021, Amina Mohammed s’était dit encouragée par les efforts déployés à l’échelle nationale et par la solidarité des partenaires internationaux d’Haïti, tant pour éliminer le choléra que pour ouvrir la voie à la stabilité et au développement durable par des négociations politiques.
Mais devant le Conseil de Sécurité, ce 21 novembre, la Vice-secrétaire générale n’a pu que faire part « de son inquiétude devant l’ampleur et la complexité de la crise que traverse ce pays ».
Citant l’absence de consensus dans le dialogue politique, le niveau sans précédent de l’insécurité et des violations des droits de l’homme, elle a particulièrement stigmatisé la recrudescence des activités des gangs qui recourent aux meurtres et aux viols collectifs « pour terroriser et assujettir la population » ; une violence qui paralyse le pays, entrave la libre circulation des biens, des personnes et de l’aide humanitaire, en contribuant à la résurgence du choléra à une insécurité alimentaire sans précédent et au déplacement forcé de 150 000 haïtiens.
Amina Mohammed a déploré la situation de Port au Prince et de sa région en butte à une crise humanitaire et des droits humains qui frappe avant tout les communautés les plus vulnérables, notant que quatre-vingt-dix pour cent des cas de choléra se trouvent dans des zones souffrant déjà de taux élevés de malnutrition aiguë sévère.
Elle a par ailleurs condamné avec la plus grande fermeté les violences sexuelles généralisées commises par des bandes armées, déjà décrits il y a deux mois dans le rapport de la BINUH et du Haut-Commissariat aux droits de l’homme, assurant que l’ONU continuera de donner une voix aux femmes et aux filles vivant dans des communautés contrôlées par des gangs ; d’œuvrer à réduire leur vulnérabilité à la violence et à traduire en justice leurs auteurs.
Si elle a reconnu l’engagement international envers Haïti, notamment par les sanctions ciblées contre les chefs de gangs, la Vice-Secrétaire générale a dit vouloir aller plus loin pour transformer la crise actuelle en une opportunité d’un nouveau rebond pour le pays.
Dans ce but, elle a exhorté les Etats membres qui en ont la capacité à examiner d’urgence la demande du Gouvernement haïtien de créer une force armée internationale spécialisée pour aider à rétablir la sécurité et à atténuer la crise humanitaire, et réitéré l’appel de Antonio Guterres en faveur d’un appui international à la Police nationale haïtienne.
« Très peu de crises, voire aucune, n’ont mis autant à l’épreuve notre engagement et nos valeurs que celle qui sévit en Haïti » a-t-elle reconnu, décrivant le sort du pays comme « un test de notre humanité commune qui devrait être au cœur de la coopération internationale, et de notre solidarité avec ceux qui souffrent profondément ».
Selon elle, Haïti aura également besoin d’un soutien international pour s’attaquer aux causes structurelles de cette crise et rompre le cycle qui a limité son développement pendant si longtemps.
« Le développement durable est essentiel. Il est aussi l’outil suprême de prévention des crises que rencontre l’humanité » a-t-elle déclaré.