WASHINGTON, samedi 8 mars 2025– L’ambassadrice Myrtha Désulmé a pris cette semaine ses fonctions de représentante permanente d’Haïti auprès de l’Organisation des États Américains (OEA). Dans un discours solennel et engagé, elle a immédiatement exposé la situation critique de son pays et appelé à une solidarité de l’organisation hémisphérique.
Dès ses premiers mots, l’ambassadrice souligne l’importance de sa mission en déclarant :
« C’est avec un profond sens de responsabilité et un immense honneur que je prends mes fonctions de représentante permanente d’Haïti auprès de l’Organisation des États Américains. »
L’ambassadrice situe ensuite le décor historique en rappelant que « mon pays, Haïti, qui est sans nul doute le berceau du continent américain, se retrouve à la genèse de l’organisation des États américains », précisant que « ce fut Haïti qui permit au libertador Simone Bolivar d’arracher la victoire des mâchoires de la défaite pour établir l’indépendance du continent. » Elle insiste sur le rôle d’Haïti en tant que « nation pionnière de la liberté et championne de la dignité humaine » partageant avec la région « une histoire commune de lutte pour la souveraineté, la démocratie et la justice sociale. »
Face aux défis actuels, Mme Désulmé ne cache pas la gravité de la situation :
« Aujourd’hui, mon pays traverse des défis sans précédent. L’insécurité causée par les gangs armés menace les fondements même de notre société. Beaucoup d’enfants ne peuvent plus aller à l’école. Ils sont exposés quotidiennement à une violence atroce, à des cadavres dans les rues et sont même recrutés par les gangs. Nous sommes sur le point de perdre une génération entière. »
Elle décrit une réalité où « les marchés publics, principale source de revenus de la grande majorité des Haïtiens, ne fonctionnent que sporadiquement et les citoyens vivent dans une terreur constante. » Cette situation exacerbe « une crise humanitaire déjà grave, marquée par une famine qui touche les plus vulnérables, mettant en péril la vie de millions de nos compatriotes. »
Dans un élan d’espoir et d’appel à l’action, l’ambassadrice à affirmé que « le peuple haïtien a le droit de vivre en paix, en sécurité et dans la dignité. » Elle a poursuivi en déclarant :
« Nous savons que l’insécurité rend la vie intolérable. Mais avec courage, nous travaillerons pour contribuer au rétablissement de l’ordre. Le gouvernement haïtien fait tout ce qu’il peut pour éliminer les gangs et ramener la justice dans le pays. Mais nous avons besoin du soutien de nos amis de l’OEA pour nous aider à trouver la voie d’une stabilité durable. »
Soulignant l’importance de l’unité, elle a déclaré :
« Tout Haïtien, qu’il soit à l’intérieur ou à l’extérieur du pays, croit fermement que si nous continuons à faire des efforts ensemble et à nous unir à des personnes de bonne volonté dans un esprit de solidarité internationale, nous parviendrons à trouver des solutions à une crise qui dure depuis trop longtemps. »
L’ambassadrice a évoqué également la phase de transition en cours, portant « une mission de justice sociale, de réconciliation nationale et de retour à l’ordre constitutionnel », où « les élections constituent le but ultime de cette transition. »
Elle rappelle que « des élections doivent avoir lieu, car c’est le seul moyen de restaurer la confiance et la légitimité dans notre pays. Mais les élections ne peuvent se tenir dans un état de guerre, car cela ne ferait que renforcer les criminels et aboutirait à une autre crise postélectorale. » Citant le Premier ministre Alexis Didier Fils-Aimé, elle insiste :
« la sécurité est la condition de la réussite de cette transition. Il n’y aura pas de référendum ni d’élection sans la sécurité. »
Au-delà de la crise haïtienne, Myrtha Désulmé élargit le propos aux défis régionaux en affirmant :
« Monsieur le Président, au-delà de la crise haïtienne, notre région est confrontée à des défis majeurs. Nous pensons entre autres aux démocraties fragilisées, à la montée des inégalités, aux crises humanitaires et migratoires et aux changements climatiques qui engendrent des catastrophes naturelles de plus en plus meurtrières, entraînant des pertes économiques gigantesques. N’oublions pas non plus la plus grande calamité via le trafic illicite d’armes à feu et de munitions qui gangrènent nos sociétés. »
« Si nous travaillons ensemble, nous parviendrons certainement à réduire les effets de ces pléaux et nous contribuerons à faire de notre région une zone plus prospère et plus sécuritaire pour nous-mêmes ainsi que pour les générations à venir. »
Soulignant le rôle fondamental de l’Organisation des États américains, l’ambassadrice affirme que « l’Organisation des États américains, le plus grand forum politique de la région, est l’espace idéal pour consolider la solidarité nécessaire entre tous les États membres pour relever les défis collectifs. » Elle ajoute que pour remplir pleinement ses missions en matière de démocratie, de sécurité, de droits humains et de développement durable, l’OEA « devra être en mesure de continuer à jouer un rôle fondamental pour l’avenir de notre région » et bénéficier du support financier indispensable.
Myrtha Désulmé réaffirme son engagement en déclarant :
« Je réitère mon engagement à représenter Haïti avec dignité et dévouement auprès de l’OEA. J’en profite pour renouveler le soutien de ma délégation et de mes collègues de l’Organisation des États américains. Merci. »
Elle termine sur un appel :
« Travaillons ensemble pour la renaissance de la grande nation qu’est Haïti. »