Jean Poincy, économiste

Port-au-Prince, 11 juin 2020- Jean Poincy, économiste et professeur d’université estime que le budget 19/20 adopté en conseil des ministres la semaine dernière, est un bon budget. Il évoque plusieurs raisons pour justifier sa position.

Selon M. Poincy, ce budget met l’emphase sur ce qui caractérise l’économie et fait de la production nationale une priorité. Ce qui aura pour effet bénéfique d’encourager la consommation des produits locaux, les taxes sur les produits d’importation étant en augmentation souligne-t-il.

“Avec des prévisions de recettes internes de l’ordre de 89.3 milliards de gourdes et des recettes externes autour de 41 milliards de gourdes, le budget 19/20 créé, dit-il, une nouvelle dynamique pour remettre le pays au travail.”

Il croit que ce budget définit une dynamique incitative de création d’emplois et de richesse dans le pays susceptible d’encourager la consommation qui permettra à l’Etat d’élargir son assiette fiscale à partir des taxes perçues sur les consommateurs.

Cependant, Jean Poincy estime que le budget est hypocrite parce que la part du budget consacrée a l’agriculture, 6.7 milliards de gourdes, est insuffisant en ce qui a trait aux investissements qui doivent être faits pour relancer véritablement le secteur agricole haïtien. Ce secteur emploie environ 60% delà main d’œuvre locale notamment en milieu rural.

De son avis, le secteur agricole devrait avoir un budget plus significatif et qui accorderait la priorité au renforcement de l’agriculture de subsistance pour encourager les planteurs à produire plus pour favoriser une plus grande consommation des produits locaux.

Il affirme que, dans le contexte de la crise sanitaire du coronavirus qui affecte de plein fouet l’agriculture, le pays devrait faire choix de vivre en autarcie pour produire quasi exclusivement pour la consommation de sa propre population puisque tous les autres Etats décident de fermer leurs frontières.

M. Poincy croit également que si ce budget est exécuté correctement, il pourrait contribuer à freiner la dépréciation accélérée de la gourde par rapport au dollar américain et stabiliser le taux d’inflation dans la mesure où il permettrait également de renforcer la production nationale et de décourager l’importation.