Haïti/Droits Humains : Des unités spécialisées de la police haïtienne mises aux bancs des accusés par les Nations-Unies

Antonio Guterrez, Secrétaire Général des Nations-Unies

Par Jacques Kolo,

Port-au-Prince, 19 janvier 2021 (RHInews)– Les Nations-Unies ont publié un rapport d’activités sur les manifestations de rues pour la période 2018/2019 dans lequel elles déclarent relever un total de “131 violations et abus au droit à la vie et à la sécurité de la personne”, lors des manifestations de 2018 et 567 violations et abus pour l’année 2019.

Rendu public le 18 janvier 2021, ce rapport préparé conjointement par le Haut-Commissariat des Nations-Unies aux Droits de l’Homme et le Bureau Intégré des Nations-Unies en Haïti (BINUH) a examiné les violations et abus au droit à la vie et à la sécurité de la personne attribués, selon le document, aux membres des forces de police, aux individus armés non identifiés et aux gangs armés (sans faire allusion aux groupes armés fédérés G-9 de Jimmy ‘’Barbecue’’ Cherizier/NDLR).

Ce rapport a pointé du doigt des agents de l’UDMO, du CIMO et de l’USGPN qui ont dispersé violemment des manifestations publiques pacifiques, notamment le 31 octobre 2018, les 9 et 12 février 2019 respectivement à Port-au-Prince et à Petit-Goâve.

Et dans d’autres cas, ces unités spécialisées de la police nationale ont fait usage de balles réelles ou de gaz lacrymogènes pour mettre fin prématurément à des rassemblements pacifiques de citoyens se dirigeant particulièrement vers le Palais National (siège de la présidence), a encore signalé le rapport des Nations-Unies, notant au passage que les autorités haïtiennes ne se sont pas conformées aux obligations découlant du droit de réunion pacifique, d’expression et de la participation des citoyens dans les affaires de l’Etat.

Par ailleurs, au moins un (1) journaliste a été tué, dix (10) autres ont été blessés dont une femme, selon le décompte des Nations-Unies pour la période 2018/2019. Dix-neuf (19) autres cas où des membres des médias ont été pris pour cible en raison de leurs activités professionnelles.

Le siège de trois (3) organes de presse ont été également la cible d’attaque, toujours selon le rapport des Nations-Unies sur les violations de droits humains et abus, expliquant que des membres de la presse au nombre de huit (8) dont une femme, ont été victimes d’actes d’intimidation et d’attaques visant à les empêcher d’assurer la couverture des manifestations.

Ces attaques sont souvent commises par des forces de l’ordre et par des individus armés non identifiés, a indiqué le rapport des Nations-Unies pour 2018/2019 qui vraisemblablement est arrivé un peu trop tard, alors que l’année 2021 est déjà pointée à l’horizon.

Le rapport, sans accuser directement le gouvernement haïtien dans de nombreux cas de violation de droits humains pour la période étudiée, a rappelé les obligations de l’administration Jovenel Moïse en matière de respect des droits de l’homme, dans le cadre des manifestations publiques.

Les Nations-Unies ont toutefois formulé des recommandations aux autorités haïtiennes afin de “prévenir la récurrence des violations et d’abus”. Cette organisation mondiale a plaidé pour “un élargissement de l’espace civique de façon à favoriser le règlement pacifique des différends et la nécessité de mettre en œuvre les droits économiques et sociaux de la population”.

Ce rapport des Nations-Unies dit examiner certaines des conséquences des événements de 2018/2019 sur le quotidien de la population et les impacts sur la liberté de circulation, le droit à la santé, l’éducation, l’alimentation et la justice