PORT-AU-PRINCE, lundi 27 mai 2024 – L’insécurité alimentaire sévit à Port-au-Prince, où plus de 40 % des ménages ont été affectés par la violence. Le Programme alimentaire mondial (PAM) a rapporté lundi que deux tiers des foyers de la capitale haïtienne ne consomment pas assez de nourriture.
D’après le PAM, 65 % des ménages de la région métropolitaine de Port-au-Prince ne parviennent pas à satisfaire leurs besoins nutritionnels en macro et micronutriments. Les zones les plus touchées sont Cité Soleil, Croix des Bouquets et Carrefour, selon le dernier rapport de l’agence onusienne basée à Rome.
Les données révèlent que deux ménages sur trois dans cette région souffrent de malnutrition, principalement en raison d’une pénurie d’aliments essentiels tels que la viande, le poisson, les produits laitiers et d’autres denrées de base.
Le rapport récent du Cadre Intégré de la classification de la sécurité alimentaire (IPC), publié fin mars, a confirmé des niveaux records de faim en Haïti. La crise sécuritaire croissante a conduit à une situation de famine sans précédent, touchant près de cinq millions de personnes, soit presque la moitié de la population. Parmi elles, 1,64 million font face à une insécurité alimentaire aiguë de niveau « d’urgence » (phase 4 de l’IPC).
Pour survivre, les Haïtiens adoptent des mesures désespérées telles que l’achat à crédit, la vente d’animaux et de biens, et la réduction du nombre et de la taille des repas. Le PAM souligne que 80 % des ménages ont recours à des stratégies d’adaptation négatives en raison du manque de nourriture.
Le coût d’un panier alimentaire a augmenté de 27 % depuis début 2024, exacerbant l’inaccessibilité des denrées pour des millions de personnes. Cette augmentation est principalement due à la hausse des prix de l’huile, du riz et des haricots. L’importation difficile et le marché noir du carburant, dont les prix sont 40 à 50 % plus élevés que ceux à la pompe, aggravent la situation.
La violence et l’insécurité entraînent une flambée des prix et des pertes d’emplois, impactant les revenus de deux tiers des familles depuis mars. Plus de 40 % des ménages de la région métropolitaine de Port-au-Prince ont subi un choc lié à l’insécurité, et 9 % ont été touchés par la perte d’emploi et des difficultés économiques.
Cette situation se traduit par une « baisse significative et continue des revenus des ménages ». Selon le PAM, plus de 60 % des ménages ont vu leur principale source de revenus diminuer, avec 46 % des ménages perdant plus de la moitié de leurs revenus.