PORT-AU-PRINCE, lundi 14 novembre 2022– Dans un rapport sur le fonctionnement des systèmes judicaire et pénitencier en Haïti, le RNDDH révèle ‘‘qu’à l’ouverture de l’année judiciaire 2021/2022, en octobre 2021, la population carcérale était estimée à onze mille-deux-cent-cinquante (11.250) prisonniers-ères dont deux-mille-quatorze (2.014) condamnés et neuf-mille-deux-cent-trente-six (9.236) personnes, soit 82 %, en attente de jugement.’’
L’organisation souligne qu’à la fermeture de l’année judiciaire en septembre 2022, la population carcérale est estimée à onze mille sept cent trente-sept (11.737) détenus-es dont mille-huit-cent-quatre-vingt-cinq (1.885) condamnés-es et neuf mille-huit-cent-cinquante-deux (9852) détenus-es, soit 84 % en attente de jugement.
Selon le RNDDH, ‘‘en dépit de l’évasion spectaculaire enregistrée à la prison civile de Cabaret à la faveur de laquelle cent-quarante-cinq (145) femmes se sont enfuies, les rares audiences criminelles et correctionnelles qui se sont tenues au cours de l’année judiciaire 2021-2022 n’ont eu aucun impact sur le taux de détention préventive illégale et arbitraire.’’
Le rapport indique que de janvier à octobre 2022, au moins cent-soixante-douze (172) détenus ont perdu la vie dans quatorze (14) prisons civiles du pays et dans le commissariat de Petit-Goâve converti en prison. Vingt-quatre (24) parmi ces détenus sont morts du Choléra, à la Prison civile de Port-au-Prince.
Selon l’organisation des droits humains, seulement neuf (9) des dix-huit (18) juridictions de première instance du pays ont organisé des audiences criminelles sans assistance de jury. Il s’agit des juridictions de l’Anse-à-Veau, d’Aquin, des Cayes, de la Croix-des-Bouquets, de Fort-Liberté, des Gonaïves, de Miragoâne, de Petit-Goâve et de Saint-Marc.
Le RNDDH informe que les juridictions de première instance du Cap-Haïtien, des Coteaux, de la Grande Rivière du Nord, de Hinche, de Jacmel, de Jérémie, de Mirebalais, de Port-au-Prince, et de Port-de-Paix n’ont réalisé aucune audience criminelle. ‘’Parmi elles se retrouvent pourtant les plus grandes juridictions du pays, en termes de nombre de justiciables à desservir et de taille de leur population carcérale respective.’’
Le rapport souligne également que trois cent vingt-trois (323) personnes ont été jugées. Cent-quatre-vingt-quatorze (194) ont été condamnées et soixante-sept (67) autres libérées. Soixante-sept (67) personnes ne sont pas encore fixées sur leur sort, les doyens des tribunaux criminels n’ayant pas encore prononcé leur verdict.
« Ainsi, drastiquement réduites, les audiences criminelles n’ont eu aucun impact sur le taux de détention préventive illégale et arbitraire » déclare le RNDDH.
Parallèlement, écrit l’organisation, ‘‘les conditions générales de détention empirent chaque jour. Promiscuité, maladies contagieuses, choléra, malnutrition, non-disponibilité de médicaments d’une part, bâtiments en mauvais état, insalubrité, cellules non-éclairées et non-aérées d’autre part : les détenus-es sont maintenues dans des conditions infrahumaines.’’
« Ces conditions ont justement eu, de janvier à octobre 2022, des conséquences irréversibles sur leur vie et leur santé. A côté de nombreux détenus-es malades auxquels le personnel médical ne peut administrer de médicaments, le RNDDH a aussi recensé le cas de cent-soixante-douze (172) détenus-es qui sont décédés », déclare le RNDDH.