Par Jacques Kolo. Port-au-Prince, 1er fevrier 2023 -(RHInews)- La police nationale d’Haiti fait face à une situation difficile et précaire, dans un contexte de grand chaos dans le pays. La mort “provoquée” d’environ une douzaine de policiers en l’espace d’une semaine fait monter les enchères au sein de cette institution de sécurité moribonde confrontée à des divergences extrêmes et des luttes partisanes et/ou d’influence particulièrement au sein de l’Etat Major, apprend t-on.
Des officiers de police qui ont abandonné leur poste de commandement pour échapper à la fureur des éléments de la base mécontents, deviennent presque légion. Pétion-Ville, Pernier, Liancourt en autres exemples. Des changements opérés au sein de l’institution en début de cette semaine n’auront pas vraiment la vertu de calmer l’ardeur des uns et des autres. Ils risquent d’accentuer les luttes intestines au sein d’une institution fragilisée en état de mort cérébrale et dépassée par les événements et circonstances en cours.
Entre temps, la population est en quête d’une amélioration de son sort, notamment en matière de sécurité.Une police de proximité et d’engagement, en dehors de la politique et des luttes de clans, est la seule planche de salut, fait remarquer un militant de droits humains.
Elle pourrait, avec un budget substantiel, travailler aux côtés de la population pour réduire le taux de criminalité et de violence sistemique qui augmente quotidiennement avec la montée en flèche des gangs ceinturant la région métropolitaine de Port-au-Prince et d’autres régions du pays.
Le rapport départemental de l’Artibonite de la police sur les événements sanglants ayant abouti à la mort de sept policiers à Liancourt dont les cadavres sont encore aux mains des gangs viennent s’ajouter à la longue liste des victimes.
Au moins 78 policiers sont tués sauvagement par des gangs depuis l’arrivée d’Ariel Henry au pouvoir en juillet 2022, note l’organisation de droits humains RNDDH. Ce rapport “confidentiel” pour le moins controversé vient jeter de l’huile sur le feu et pose également un sérieux problèmes au sein de l’institution policière en coupe réglée par un secteur politique.
La mission de la police nationale “Protéger et Servir” est mis à rude épreuve, ces derniers moments. La force de police sous le commandement de Frantz Elbé est durement éprouvée par l’insécurité qui gagne du terrain également dans son propre rang.
Une police nationale dépourvue de tout, tant en terme d’équipements et matériel, qu’en terme de rémunération et d’assurance de vie pour ses membres. La politique de sécurité nationale ou stratégie de sécurité nationale doit faire l’objet d’une attention soutenue de la part de ceux qui ont des expertises et experiences dans le domaine. Elle doit être perçue en terme de politique publique, mobilisant des ressources diverses pour protéger la population, le territoire et les intérêts vitaux de la nation.
C’est dans ce même contexte que la Direction générale de la police dit apporter un démenti formel contre des allégations visant à attaquer l’intégrité et à salir l’image de son directeur Frantz Elbé, sans pour autant précisér lesquelles allégations, dans cette note en date du 31 janvier 2023.
Comme si l’image du Commandant de la police n’a pas été salie, avilie, vilipendée pour n’avoir pas fait preuve de leadership. En tant que personnage public et en fonction de son statut, il peut être critiqué, questionné, évalué et même révoqué. Frantz Elbé, au lieu de continuer à contempler ses échecs successifs, doit se montrer plus enclin à donner de bons résultats au sein d’une institution policière budgétivore pour de piètres résultats.