Haïti – Crise alimentaire majeure : plus de 5,7 millions de personnes menacées par la faim…

Des produits alimentaires....

PORT-AU-PRINCE, vendredi 18 avril 2025 (RHINEWS)– Alors que les violences armées s’intensifient et que les déplacements forcés se multiplient, la faim atteint des niveaux alarmants en Haïti. Selon les dernières données du Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC), publiées jeudi, 5,7 millions de personnes – soit plus de la moitié de la population – devraient être confrontées à une insécurité alimentaire aiguë d’ici juin 2025.

Le rapport révèle que plus de deux millions de personnes se trouveront dans une situation d’urgence alimentaire (Phase 4 de l’IPC), tandis qu’environ 8.400 personnes sont déjà en situation de catastrophe (Phase 5), la phase la plus critique caractérisée par une famine imminente, une malnutrition sévère et un effondrement des moyens de subsistance.

« Pour l’instant, nous luttons simplement pour contenir la faim », a déclaré Wanja Kaaria, directrice pays du Programme alimentaire mondial (PAM) en Haïti. « Sans les efforts considérables déjà déployés, la situation serait bien pire. Le pays a avant tout besoin de paix. »

Depuis le début de l’année, le PAM et ses partenaires ont intensifié leur action, fournissant une assistance à 1,3 million de personnes, dont un million en mars seulement. Cette aide comprend la distribution de repas chauds, de transferts monétaires et de soins nutritionnels. À ce jour, 740.000 repas ont été servis à plus de 112.000 déplacés internes.

Dans un contexte où les groupes armés étendent leur emprise sur Port-au-Prince et ses environs, le PAM a pu accéder à des zones sous leur contrôle, notamment Croix-des-Bouquets, Cité Soleil, Bas-Delmas et La Saline, pour y livrer des vivres d’urgence.

Les conditions de vie des déplacés, abrités dans des écoles ou des édifices publics, sont marquées par une promiscuité extrême, un manque d’eau potable et l’absence de soins médicaux. Plus d’un million de personnes ont fui leur foyer en raison des violences.

L’Unicef, pour sa part, alerte sur la situation dramatique des enfants : 2,85 millions d’entre eux, soit un quart de la population infantile du pays, sont exposés à une insécurité alimentaire aiguë. Parmi eux, plus d’un million vivent dans des conditions critiques. « Nous faisons face à un scénario où les parents ne peuvent plus nourrir leurs enfants à cause de la pauvreté, de la violence et de l’effondrement économique », a expliqué Geeta Narayan, représentante de l’UNICEF en Haïti.

L’agence onusienne insiste sur l’urgence d’augmenter le dépistage de l’émaciation et l’accès aux traitements thérapeutiques pour les enfants souffrant de malnutrition aiguë sévère. Son programme de nutrition affiche actuellement un déficit de financement de 70 %.

Le PAM a, quant à lui, besoin de toute urgence de 53,7 millions de dollars pour maintenir ses opérations dans les six prochains mois. Parallèlement, le Service aérien humanitaire des Nations Unies (UNHAS), opéré par le PAM, poursuit ses vols pour acheminer du personnel et des cargaisons humanitaires dans les zones isolées.

Face à cette crise multidimensionnelle, les agences humanitaires appellent la communauté internationale à intensifier son soutien. Le risque de famine de masse est désormais réel.