PORT-AU-PRINCE, mardi 13 décembre 2022– Selon le centre d’analyse et de recherches en droits de l’homme (CARDH), Haïti est sortie du processus démocratique et de l’État de droit.
‘‘Depuis le 13 janvier 2020, le Parlement est dysfonctionnel. Suite à l’assassinat du président haïtien le 7 juillet, le pays est dirigé par le premier ministre Ariel Henry, assumant le double rôle de l’Exécutif : Président et premier Ministre’’, écrit le CARDH.
Selon l’organisation, ‘‘depuis 2018, la justice haïtienne, rongée par la corruption et vassalisée par des autorités exécutives, était dysfonctionnelle de fait, avec : les grèves en cascades des juges, des greffiers, des huissiers ; l’insécurité quasi généralisée amenant à l’abandon des bâtiments logeant les entités judicaires : Le palais de justice de Port-au-Prince abandonné, puis pris par les gangs ‘‘5 secondes’’ est symptomatique de cette criante réalité.’’
Le CARDH affirme que la justice est dysfonctionnelle de droit, car la Cour de cassation, la plus haute instance, est dysfonctionnelle, comptant trois juges sur 12.
Il souligne que le taux de détention préventive prolongée en Haïti est autour de 85%. ‘‘De janvier 2022 à date, plus de 100 personnes sont mortes dans les centres carcéraux en raison de l’absence de soins de santé, de manque de nourritures et d’autres traitements dégradants’’, selon l’organisation.
« La plupart des centres carcéraux, dont le pénitencier national, la prison de Jacmel, le centre carcéral de Miragoâne, s’apparentent aux chambres de concentration des Nazis et d’autres régimes similaires », déclare le CARDH.
De l’avis du CARDH, ‘‘quoique ses efforts soient visibles et quantifiables, la police nationale n’arrive pas à contenir les gangs, disposant d’armes sophistiquées, de munitions en quantité, d’argent, de moyens de renseignements et soutenus par des politiques, des personnalités du secteur privé et autres.’’
La police nationale ne possède pas les moyens matériels et technologiques, les ressources financières et l’entrainement nécessaires, souligne le CARDH, ajoutant que ‘‘de manière urgente, il faut une force extérieure d’accompagnement à la police nationale pour mater les gangs qui massacrent et kidnappent la population et qui violent au grand jour les femmes et les filles. C’est la priorité de la population.’’
‘‘La police a besoin de se renforcer concrètement pour qu’elle devienne la véritable force disposant de moyens matériels, technologiques et humains capable de remplir réellement sa mission : protéger et servir’’, soutient le CARDH.