WASHINGTON, samedi 15 mars 2025-L’administration Trump envisage une nouvelle interdiction de voyage qui pourrait toucher jusqu’à 43 pays, dont Haïti, selon des documents internes et des sources gouvernementales. Cette mesure, plus large et plus stricte que celles mises en place lors du premier mandat de Donald Trump, viserait à restreindre l’accès au territoire américain en raison de préoccupations liées à la sécurité nationale et à l’immigration.
Un projet de classification des pays concernés a été établi, répartissant ces derniers en trois catégories selon le niveau de restriction imposé. La première, appelée « liste rouge », regroupe les pays dont les citoyens seraient totalement interdits d’entrée aux États-Unis, quel que soit le type de visa demandé. Cette liste comprend l’Afghanistan, le Bhoutan, Cuba, l’Iran, la Libye, la Corée du Nord, la Somalie, le Soudan, la Syrie, le Venezuela et le Yémen.
L’administration justifie cette interdiction totale par la présence de conflits armés, de gouvernements jugés hostiles aux États-Unis, de risques terroristes élevés ou d’un manque de coopération en matière de sécurité et de partage d’informations sur les voyageurs.
La seconde catégorie, dite « liste orange », impose des restrictions sévères sur l’octroi des visas à certains pays, sans toutefois interdire complètement leurs citoyens d’entrer aux États-Unis.
Cette liste comprend Haïti, la Biélorussie, l’Érythrée, le Laos, le Myanmar, le Pakistan, la Russie, la Sierra Leone, le Soudan du Sud et le Turkménistan. Pour ces pays, l’administration prévoit de restreindre drastiquement les visas touristiques et d’immigration, tout en permettant, sous conditions, certains voyages d’affaires.
Les ressortissants de ces pays seraient soumis à des contrôles renforcés, à des entretiens obligatoires et à des délais prolongés pour le traitement des demandes. Dans le cas de Haïti, cette inclusion repose sur plusieurs facteurs, notamment le nombre élevé de migrants tentant d’entrer clandestinement aux États-Unis, la difficulté des autorités américaines à vérifier les antécédents des demandeurs de visa en raison de l’instabilité politique, ainsi que la multiplication des fraudes documentaires liées aux passeports et visas haïtiens.
Une troisième catégorie, la « liste jaune », concerne des pays sous surveillance, auxquels l’administration accorde un délai de soixante jours pour améliorer leur coopération en matière de sécurité et de contrôle des voyageurs. Cette liste comprend l’Angola, Antigua-et-Barbuda, le Bénin, le Burkina Faso, le Cambodge, le Cameroun, le Cap-Vert, le Tchad, la République du Congo, la République Démocratique du Congo, la Dominique, la Guinée équatoriale, la Gambie, le Liberia, le Malawi, le Mali, la Mauritanie, Saint-Kitts-et-Nevis, Sainte-Lucie, São Tomé-et-Principe, Vanuatu et le Zimbabwe.
Ces pays sont ciblés pour diverses raisons, allant de l’absence de normes de sécurité rigoureuses dans l’émission de documents de voyage, au manque de coopération dans le partage des informations sur les passagers, en passant par la possibilité pour des ressortissants de pays bannis d’acquérir la citoyenneté dans ces États et ainsi contourner les restrictions.
Si cette proposition est adoptée, elle pourrait avoir un impact significatif sur les citoyens haïtiens souhaitant voyager, immigrer ou rejoindre leur famille aux États-Unis. L’incertitude demeure quant aux éventuelles exemptions pour les détenteurs de visas déjà délivrés ou pour les résidents permanents.
L’administration Biden avait supprimé les précédentes interdictions de voyage instaurées sous Trump, mais ce nouveau projet marque une volonté de réintroduire et d’élargir ces mesures. Le département d’État poursuit actuellement ses discussions et pourrait modifier la liste avant qu’elle ne soit soumise à la Maison-Blanche pour approbation.