PORT-AU-PRINCE, lundi 21 novembre 2022– Le gouvernement haïtien a reproché à la République dominicaine son “traitement inhumain et dégradant” des migrants haïtiens, après que la vague d’expulsions ait soulevé des doutes jusqu’aux Nations Unies, qui ont également exprimé la semaine dernière leur inquiétude face à ce contexte.
« L’indignation générale générée par cette situation ne laisse pas le Gouvernement de la République d’Haïti indifférent », a déclaré le Ministère des Affaires étrangères, dans un communiqué dans lequel, bien qu’il reconnaisse le droit des autorités dominicaines à « réguler les flux migratoires », il a établi certaines limites.
Haïti s’est fait l’écho d'”images choquantes” rapportées par les médias pour exhorter Saint-Domingue à accorder “un traitement respectueux de la dignité humaine” à ceux qui traversent vers la partie orientale de l’île d’Hispaniola, partagée par les deux pays.
En ce sens, il a exhorté le pays voisin à respecter les protocoles de rapatriement convenus en 1999 et a avancé que l’Ambassade d’Haïti transmettra les “préoccupations” concernant les derniers incidents au Ministère dominicain des Affaires étrangères, qui jusqu’à présent n’a montré aucun signe de changement de ses politiques.
Le président de la République dominicaine, Luis Abinader, a déjà averti la semaine dernière que son gouvernement « continuera à rapatrier les citoyens haïtiens qui se trouvent illégalement dans le pays », arguant que la gestion des migrations relève de la responsabilité exclusive des autorités nationales.
Sous cette prémisse, Abinader a rejeté comme “inacceptables et irresponsables” les critiques du Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Volker Turk, qui exigeait l’arrêt des “retours forcés” en raison de la crise politique, économique et sociale dans laquelle Haïti est plongé.
Selon le Haut Représentant de l’ONU, Haïti ne réunit pas actuellement les conditions de sécurité adéquates pour le retour “sûr, digne et durable” des migrants compte tenu des “violences armées incessantes et des violations systématiques des droits de l’homme”.