ST.JOHN’S, vendredi 14 juillet 2023– Selon l’ambassadeur plénipotentiaire de Antigua et Barbuda aux Etats-Unis et à l’organisation des Etats Américains, (OEA), Ronald M. Sanders, ‘‘le chef du gouvernement illégitime d’Haïti, le Dr Ariel Henry, a été identifié comme un élément important de la crise actuelle en Haïti.’’
Dans un article qu’il a publié dans ‘‘Caribbean Global News’’, le diplomate a déclaré : « Henry et une petite clique qui l’entoure, gèrent à peine les affaires de l’État. En effet, alors que les gangs armés contrôlent plus de 60 % de Port-au-Prince et des routes principales à travers Haïti, la disparition de l’État est évidente ».
‘‘Cependant, a-t-il poursuivi dans ses critiques cinglantes à l’encontre du pouvoir haïtien, ‘‘Henry et son gouvernement ont démantelé ce qui restait des institutions démocratiques d’Haïti. Comme le décrit une coalition de cliniques de facultés de droit basées aux États-Unis : « Depuis janvier 2023, il n’y a plus un seul élu à aucun niveau de gouvernement en Haïti.’’
Entre-temps, a-t-il souligné dans son article, Henry a été accusé par les cliniques des facultés de droit américaines, y compris la Harvard Law School, et d’autres d’avoir pris des mesures illégales, conçues pour prolonger son pouvoir illégitime.
En mars, Henry a illégalement nommé huit juges à la plus haute cour d’Haïti, la Cour de cassation, sapant la légitimité de la cour à contrôler le pouvoir exécutif. De plus, en décembre 2022, il a signé un “Document de consensus national pour une transition inclusive et des élections équitables”.
‘‘Le document reflétait à peine un « consensus national » dans lequel les principales organisations de défense des droits de la personne et les acteurs politiques étaient exclus – une grave lacune qui a été ignorée par les organisations hémisphériques et régionales’’, a fait remarquer Sanders.
D’après l’ambassadeur, ‘‘ce document impopulaire aiderait à consolider le pouvoir d’Henry en lui permettant d’emballer la Cour de cassation, la Cour suprême d’Haïti, avec ses personnes triées sur le volet, et en mettant en place un Conseil électoral provisoire inconstitutionnel pour organiser et superviser les élections présidentielles et autres. La société civile haïtienne, dans de nombreuses déclarations publiques et présentations aux membres des pouvoirs exécutif et législatif américains et aux diplomates aux États-Unis, au Canada et en France, a clairement indiqué qu’elle s’oppose au document de décembre 2022’’, a-t-il soutenu.
Il a rappelé que, selon une déclaration faite par les chefs de gouvernement de la Communauté des Caraïbes (CARICOM) lors de leur réunion du 50e anniversaire à Trinidad du 3 au 5 juillet, Henry leur a dit « qu’il ne se présentera pas aux élections mais qu’il dirigera un gouvernement de transition pour assurer les dispositions nécessaires pour faire passer le pays de la crise sécuritaire et humanitaire à la tenue d’élections crédibles, libres et régulières ». Les participants révèlent que cette déclaration a dû être extraite d’Henry qui a résisté à ce qu’on lui demande de faire une telle déclaration au motif qu'”Haïti est un pays souverain”.
« Quoi qu’il en soit, a déclaré Sanders, alors que les dirigeants de la CARICOM disent, officiellement, qu’Henry a fait cette déclaration, il n’a pas encore fait une telle déclaration publique au peuple haïtien. De plus, le fait que lui et ses alliés soient seuls à établir des mécanismes électoraux, assure la société civile et les partis politiques en Haïti que « des élections crédibles, libres et justes » sont impossibles ».
Il a indiqué que dans un article publié dans le New York Times le 13 juillet, Jake Johnston, en tant principal chercheur au Center for Economic and Policy Research, a souligné que “Henry a des liens étroits avec le principal suspect dans l’assassinat (de l’ancien président Jovenel Moïse) ».
Ron Sanders a affirmé que, Johnston révèle les informations troublantes suivantes : « L’ancien procureur en chef supervisant l’affaire de l’assassinat en Haïti a appelé Henry à témoigner. Il a refusé, puis a appelé le ministre de la Justice et lui a dit de licencier le procureur. Lorsque le ministre a refusé, Henry a renvoyé les deux. Depuis lors, un enregistrement audio du juge chargé de l’affaire a été divulgué à CNN. “Ariel est un des principaux suspects de l’assassinat de Jovenel Moïse, et il le sait”, peut-on entendre dire le juge. “Pensez-vous que je peux toucher Ariel maintenant ?”
Ariel Henry a toujours nié toute implication dans le meurtre de Jovenel Moïse même s’il n’a jamais répondu aux d’un juge.
Pendant ce temps, a poursuivi le diplomate caraïbéen, ‘‘Haïti continue de sombrer dans le chaos, l’anarchie et la souffrance humaine à grande échelle. Le Programme alimentaire mondial affirme que la moitié de la population d’Haïti souffre de la faim ; il n’y a pas de système de justice pénale fonctionnel, il n’y a pas de procès et 85 % des prisonniers n’ont jamais été jugés ; la seule production d’électricité dans le pays provient d’une société privée appartenant à une famille de l’élite haïtienne; entre janvier et mars de cette année, il y a eu 398 enlèvements et 1 634 agressions violentes – dont des meurtres et des viols – ont eu lieu à Port-au-Prince ; de nombreuses personnes en Haïti n’ont ni acte de naissance ni papiers d’identité ; officiellement ils n’existent pas ; un hôpital du quartier Canapé Vert, à l’Est de la capitale, rapporte qu’il soigne chaque jour plus d’une dizaine de patients blessés par balle.’’
Selon Sanders, ‘‘Le peuple haïtien ne peut pas compter sur son gouvernement pour les services de base que chaque gouvernement est obligé de fournir à son peuple. L’État s’est effondré depuis longtemps.’’
« Malgré tout cela, l’attention de la communauté internationale tout au long de cette aggravation de la crise a été de fournir ou non un soutien militaire à la police haïtienne, ce qui est la principale demande du régime d’Ariel Henry. C’est une demande profondément redoutée en Haïti comme une ruse pour maintenir le régime en place et, par conséquent, pour continuer l’incapacité de faire face aux conditions désastreuses dans lesquelles le peuple haïtien est contraint de mener une vie misérable », a déclaré le diplomate.
Selon lui, les groupes haïtiens de défense des droits de l’homme et d’autres, qui aspirent à une vie meilleure, veulent le rétablissement de la sécurité, mais ils veulent aussi la justice et la responsabilité d’un gouvernement qu’ils élisent et sur lequel il doit y avoir des contrôles et contrepoids, y compris des élections libres et équitables.
‘‘Par conséquent, le début de toute réponse internationale à la crise haïtienne doit être la mise en place d’un gouvernement de transition légitime, composé de représentants de la société civile et des partis politiques, a-t-il insisté.
Après trois jours d’une réunion ratée du 11 au 13 juin en Jamaïque – à laquelle Henry s’est fait prier pour y assister – il était évident qu’il n’avait aucun intérêt à un véritable partage du pouvoir, a-t-il constaté.
Sanders a souligné qu’en Haïti, les gangs ont été créés par des membres de partis politiques rivaux et des familles d’oligarques à leurs propres fins.
Selon lui, nourris par la cupidité et les ambitions des uns et des autres, ils sont devenus des forces pourc leur propre vie. Traiter avec eux nécessite des stratégies prudentes et même des négociations qu’il vaut mieux laisser à un gouvernement de transition qui jouit de la confiance d’un large échantillon du peuple haïtien, a déclaré le diplomate.
En termes de proposition, Ron Sanders a dit : « Pour donner au pays la chance dont il a désespérément besoin, et que le Dr Henry ne peut manifestement pas lui offrir, il devrait envisager de se retirer pour faciliter la convocation de partis volontaires pour nommer un gouvernement de transition auquel ni lui ni aucun membre de son régime actuel ne devrait participer, à moins que convenu et accepté par le groupement à base élargie. Et ce devrait être le gouvernement de transition qui devrait fournir à la communauté internationale les besoins prioritaires du pays, en donnant toutes les garanties contre la corruption et l’utilisation politique abusive des ressources ».
Le conseil de sécurité des Nations-Unies a prorogé vendredi le mandat de son bureau en Haïti, le BINUH, jusqu’au 15 juillet 2024.
Le conseil a également donné tente jours au chef de l’organisation mondiale, Antonio Guterres, pour proposer des options sur la manière de combattre les gangs armés en Haïti,