MIREBALAIS (Centre), jeudi 10 avril 2025 (RHINEWS)— Les villes de Mirebalais et de Saut-d’Eau, dans le département du Centre, sont désormais sous le contrôle de gangs armés après une attaque d’une brutalité inédite survenue dans la nuit du 30 au 31 mars 2025. Selon un rapport explosif publié par le Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH), cette offensive, menée par les groupes 400 Mawozo et les Talibans de Canaan — tous affiliés à la coalition terroriste “Viv Ansanm” — a causé la mort d’au moins 23 civils, l’évasion de 533 détenus, la disparition de trois personnes dont deux journalistes, et des dégâts matériels colossaux.
Dans un document accablant, le RNDDH pointe du doigt la passivité des autorités de la transition, accusées d’“aggraver la situation sécuritaire du pays” en ne répondant ni aux alertes locales ni aux appels de renforts. “Les villes tombent l’une après l’autre, pendant que les autorités se contentent de promesses creuses”, dénonce le rapport.
L’attaque s’est déclenchée peu après 2 heures du matin dans la localité de Trianon, 2e section communale de Grand-Boucan. Des maisons et des véhicules ont été incendiés. Malgré une tentative de résistance menée par la brigade d’autodéfense locale, les agents de la BSAP et des policiers, l’absence de renforts a permis aux assaillants d’entrer dans Mirebalais vers 8 heures.
Le commissariat de Mirebalais a été partiellement incendié, tandis que la prison civile a été complètement vidée : 533 détenus s’y trouvaient, dont 88 % en détention préventive. Seul un détenu, Jean Paul Cantave alias “Pipo”, a été tué sur place pour avoir tenté de résister à l’évasion massive orchestrée par les gangs. Le bâtiment carcéral, même s’il tient debout, est aujourd’hui inutilisable, le matériel informatique, les armes et les véhicules ayant été détruits ou emportés.
Selon le rapport, les bandits ont mis à sac plusieurs infrastructures publiques et privées : le marché communal, la prison, le commissariat, des maisons de particuliers et des institutions. L’Hôpital Universitaire de Mirebalais a été évacué en urgence. Pourtant, “les renforts de la PNH et des unités spécialisées ne sont arrivés qu’à partir de 11 heures, soit après que l’attaque principale a eu lieu”, précise le RNDDH.
Du 31 mars au 2 avril, plus de 60 bandits armés et évadés de prison ont été tués lors de fusillades au centre-ville de Mirebalais, selon les témoignages recoupés par l’organisation.
Trois jours après l’assaut sur Mirebalais, la ville voisine de Saut-d’Eau a été prise sans affrontement majeur. Les forces de l’ordre, redéployées à Mirebalais, avaient laissé la commune vulnérable. Si une grande partie de la population avait fui, plusieurs personnes ont été tuées et d’importants édifices incendiés, dont la station de radio Transparence FM et les maisons d’anciens parlementaires.
Le RNDDH dénombre officiellement 23 personnes tuées entre le 30 mars et le 8 avril, dont 19 civils, un policier, et trois personnes portées disparues. Parmi les victimes, on retrouve deux religieuses de la Congrégation Sainte Thérèse, deux journalistes — Jean Christophe Collègue de la Voix de l’Amérique et Roger Claudy Israël de Radio Télé Ginen — ainsi que des commerçants, des étudiants, un agent de sécurité de l’hôpital et un membre d’une brigade d’autodéfense.
“Les familles n’ont parfois même pas pu récupérer les cadavres de leurs proches”, souligne le rapport, citant notamment le cas de Baldé, tué au centre-ville.
Le 31 mars, la prison civile, le commissariat et le marché communal de Mirebalais ont été incendiés. Le 2 avril, c’est la maison de l’ancien député Romuald Smith et la station Transparence FM à Saut-d’Eau qui ont été réduites en cendres. Le 3 avril, la résidence de l’ancien sénateur Dieuseul Desras, ainsi que celle de Pierre Richard Saint-Victor ont été incendiées, suivie le 9 avril par le restaurant La Fourchette d’Or, fréquenté par l’ex-député Abel Descollines.
“Les autorités de transition ne disposent d’aucun plan pour restaurer l’ordre”, insiste le RNDDH. Le rapport évoque un “terrorisme d’État” enraciné depuis 2018 et accuse le Conseil Présidentiel de Transition (CPT) de promesses mensongères, comme celle d’un “budget de guerre” jamais mis en œuvre.
“La population est vidée de ses droits, ses villes de leurs habitants, et les policiers de leurs moyens”, poursuit l’organisation. Les véhicules blindés fournis à la PNH et à la MMAS sont jugés “inadaptés au combat urbain”.
Selon des témoignages recueillis par le RNDDH, “Mirebalais et Saut-d’Eau sont devenues des villes fantômes”. Les gangs y ont dressé des barricades, contrôlent les axes routiers, et maintiennent la population dans une terreur continue. Le commissariat reste aux mains des bandits.
Le RNDDH réclame une enquête indépendante, le jugement des responsables, un soutien immédiat aux victimes et un réarmement sérieux des forces de l’ordre. L’organisation demande aussi que les fonds alloués au renseignement, actuellement “dépensés dans l’opacité”, soient redirigés vers la lutte concrète contre le banditisme.
L’organisation tire la sonnette d’alarme : “À défaut de reprendre ces deux villes, c’est tout le pays qui risque de tomber. Le silence et l’inaction des autorités ne peuvent plus être tolérés.”