Haïti : 224 cas suspects et 16 décès alors que le choléra se propage dans les prisons, selon l’OMS

photo:CNN: Enfant atteint de cholera/image d'illustration...

NEW-YORK, jeudi 13 octobre 2022– L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a annoncé, mercredi, avoir recensé en Haïti 16 décès liés au choléra et 224 cas suspects. Cette maladie est réapparue dans le pays début octobre après trois ans sans un seul cas signalé.

« Nous sommes profondément préoccupés par l’épidémie de choléra dans la capitale Port-au-Prince et les zones environnantes », a déclaré lors d’un point de presse hebdomadaire, le Directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus. « Selon le ministère haïtien de la Santé publique et de la Population, samedi dernier, on dénombrait 224 cas suspects de choléra et 16 décès ».

« Un quart des cas suspects de choléra concerne des enfants âgés de moins de cinq ans », a alerté le Dr. Tedros.

« La situation évolue rapidement, et il est possible que des cas antérieurs ou supplémentaires de choléra n’aient pas été détectés », a insisté le chef de l’OMS, relevant que le mécanisme de surveillance mis en place par le gouvernement haïtien, avec le soutien de l’OMS et de ses partenaires, fonctionne dans « des conditions extrêmement difficiles ».

Sur le terrain, l’inquiétude grandit alors que le choléra se propage dans les prisons. Dimanche, le ministère a également confirmé une épidémie de choléra dans le pénitencier national de Port-au-Prince, avec « 39 cas suspects et neuf décès ».

Selon les médias, les 20 prisons d’Haïti détiennent environ 11.000 détenus, et les professionnels de la santé sont extrêmement inquiets étant donné que le taux d’occupation dans les quatre principales prisons du pays dépasse les 400%.

La situation est d’autant plus délicate que les autorités et la population sont confrontées à une pénurie de carburant en raison du blocage d’un terminal pétrolier près de Port-au-Prince par des gangs armés, qui paralysent le pays.

Selon l’OMS, les pénuries de carburant rendent plus difficile pour les travailleurs de la santé de se rendre au travail. « Ce qui entraîne la fermeture des établissements de santé et perturbe l’accès aux services de santé pour les personnes qui vivent dans certaines des communautés les plus démunies », a fait valoir le Dr Tedros.

D’une manière générale, les zones touchées sont « très peu sûres ». Cela rend très difficile la collecte d’échantillons et retarde la confirmation en laboratoire des cas de choléra et des décès, a détaillé le chef de l’OMS.

Face à cette situation, l’OMS travaille avec le ministère haïtien de la Santé et ses partenaires pour coordonner la réponse, y compris la surveillance, la gestion des cas, l’eau et l’assainissement, la vaccination et l’engagement communautaire.

« Pour maîtriser cette flambée de choléra, nous avons besoin d’un accès sécurisé aux zones touchées », a fait observer le Dr. Tedros.

L’île a été touchée par une épidémie meurtrière de choléra de 2010 à 2019 qui a fait plus de 10.000 morts.

Le choléra est une maladie diarrhéique aiguë, dont on peut mourir en quelques heures en l’absence de traitement. La mise à disposition d’eau salubre et des services d’assainissement est primordiale pour lutter contre la transmission du choléra et d’autres maladies à transmission hydrique.

Pour les cas graves, un traitement rapide par perfusion de liquide et d’antibiotiques par voie intraveineuse s’impose. Des vaccins anticholériques administrés par voie orale doivent être utilisés conjointement à l’amélioration de l’approvisionnement en eau et de l’assainissement pour limiter les flambées de choléra et favoriser la prévention dans les zones connues pour être à haut risque.

source:ONU