QUARTIER-MORIN, vendredi 25 octobre 2024, l’ancien député Hugues Célestin s’exprime avec vigueur et détermination sur la crise qui secoue Haïti depuis plusieurs années, jetant un regard critique et alarmant sur la situation sécuritaire, économique et politique du pays. Pour lui, la scène nationale est le théâtre d’une lutte impitoyable entre des acteurs locaux qu’il qualifie de « pantins manipulés » par des intérêts extérieurs, laissant ainsi la population dans un désarroi croissant. Son analyse, sans concession, cible deux groupes qu’il désigne comme des « esclaves domestiques » : le Conseil Présidentiel de Transition (CPT) et le chef du gouvernement, Garry Conille, tous deux accusés de trahir les aspirations populaires au profit de puissances étrangères.
Depuis plus de trois ans, Haïti connaît une dégradation spectaculaire de sa sécurité, avec des conséquences dramatiques pour la population. Hugues Célestin souligne que les enlèvements contre rançon, les viols, les massacres, les pillages suivis d’incendies criminels sont devenus le quotidien de millions d’Haïtiens. Il évoque des zones entières du pays qui échappent au contrôle de l’État, des « territoires perdus » dirigés par des gangs imposant leur loi, érigeant des postes de péage sur les routes principales et participant à des trafics sordides, comme celui des organes humains. Selon lui, ces gangs prospèrent sur le chaos et l’impunité, devenant des acteurs politiques à part entière et illustrant la faillite totale des autorités.
Célestin accuse le Conseil Présidentiel de Transition de laisser cette violence se propager et même de l’alimenter en détournant les yeux. Pour lui, la recrudescence de la violence n’est pas un accident, mais le résultat d’une politique délibérée de « gangstérisation » du pays, favorisée par ceux qui occupent le sommet de l’État et leurs soutiens internationaux. Le CPT, selon lui, ne cherche pas à restaurer l’autorité de l’État, car il est lui-même un instrument de la domination étrangère.
Mis en place sous l’impulsion du Core Group – avec les États-Unis en chef de file – à travers un relais régional, la CARICOM, le Conseil Présidentiel de Transition représente, selon Hugues Célestin, une « façade de stabilité politique » visant à légitimer une transition orchestrée de l’extérieur. Il dénonce des projets de développement qui perpétuent le sous-développement et des réformes institutionnelles qui ne font qu’aggraver la crise. Loin d’être une institution souveraine, le CPT, dit-il, fonctionne sous la supervision directe de l’ambassade américaine, et les décisions importantes se prennent à Washington ou à New York.
Pour Hugues Célestin, cette dépendance est incarnée par Garry Conille, ancien conseiller spécial des Nations Unies, aujourd’hui à la tête du gouvernement. « Conille est un agent du chaos, mettant en œuvre des réformes dictées par des agences internationales sans considération pour les conséquences sur la population », déclare-t-il. Il l’accuse de poursuivre des politiques déconnectées des véritables aspirations du peuple haïtien, aggravant ainsi la situation.
La lutte entre le CPT et Garry Conille ne doit pas être vue comme une simple querelle politique, mais comme un symptôme d’une crise de souveraineté plus large. Hugues Célestin estime que ces dirigeants, qu’ils soient du CPT ou du gouvernement, rivalisent pour obtenir les faveurs des puissances étrangères, et non pour servir les intérêts nationaux. Il voit dans ce comportement une trahison des intérêts d’Haïti, menant le pays vers une nouvelle forme de dépendance qu’il qualifie de « quasi-coloniale ».
Le point de friction le plus récent entre le CPT et Garry Conille remonte à la 179e Assemblée Générale des Nations Unies. Au lieu d’unir les dirigeants autour d’une cause commune, cet événement a révélé des divisions, des querelles et des conflits d’ego, laissant de côté les questions essentielles. Pour Hugues Célestin, ce spectacle de désunion reflète une crise morale et politique parmi les élites, qui préfèrent préserver leurs privilèges personnels au détriment du bien commun.
Face à cette situation critique, il appelle à une refonte complète du système politique haïtien, à travers un processus d’éducation et de mobilisation populaire. « Pour sortir de ce bourbier, nous devons construire des cellules d’éducation politique, économique, environnementale, sociale et culturelle », affirme-t-il. Ces cellules devraient former la base d’un « Grand Mouvement Patriotique de Libération Nationale », porteur d’une politique économique et sociale véritablement indépendante, libérée des « injonctions extérieures ».
Hugues Célestin insiste sur la nécessité d’une mobilisation populaire pour restaurer la souveraineté et la dignité d’Haïti. Selon lui, la rupture avec la dépendance internationale est indispensable, et seul un sursaut populaire permettra de reprendre le contrôle du destin national. Les dirigeants actuels, qu’il considère comme des « esclaves domestiques » au service d’intérêts étrangers, doivent céder la place à une gouvernance véritablement souveraine et responsable, en phase avec les aspirations profondes du peuple.
Pour Hugues Célestin, cette mobilisation passe par une prise de conscience collective, un rejet des chaînes imposées par l’extérieur, et une rupture décisive avec une élite qu’il considère comme corrompue et soumise. En tant que membre de la Fédération des Mouvements Démocratiques de Quartier-Morin (FEMODEK), de l’Initiative Patriotique Marienne (IPAM) et du collectif Efforts et Solidarité pour la Construction d’une Alternative Nationale Populaire (ESKANP), il milite pour un renouveau politique et appelle à l’émergence d’une alternative populaire et nationale.
L’avenir d’Haïti, selon lui, repose sur la capacité du peuple haïtien à se lever, à rejeter l’influence étrangère et à bâtir une société où la souveraineté nationale, la dignité et l’autodétermination seront enfin respectées.