NEW-YORK, lundi 9 décembre 2024– Le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Volker Turk, a annoncé lundi qu’au moins 184 personnes avaient été tuées ce week-end dans la capitale haïtienne, Port-au-Prince. Ce pic de violence, attribué à des gangs armés, porte à au moins 5 000 le nombre de morts liés à la crise sécuritaire en Haïti depuis le début de l’année.
« Rien que ce week-end, au moins 184 personnes ont été tuées lors d’actes de violence orchestrés par le chef d’un puissant gang dans le quartier de Cité Soleil, à Port-au-Prince », a déclaré Turk lors d’une conférence de presse à Genève. « Ces nouvelles atrocités portent à 5 000 le nombre de morts cette année dans ce pays en crise. »
Selon les rapports, ce massacre aurait été commis sur ordre de Monel “Mikano” Félix, leader du gang de Wharf Jérémie. D’après le Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH), Félix aurait ciblé des personnes âgées qu’il soupçonnait d’avoir ensorcelé son enfant, décédé samedi. Sur les conseils d’un prêtre vaudou, Félix aurait ordonné l’exécution de ces individus, accusés de pratiquer la sorcellerie. Les membres de son gang auraient tué au moins 100 personnes, principalement avec des machettes et des couteaux, entre vendredi et samedi.
Cité Soleil, l’un des quartiers les plus pauvres et densément peuplés de Port-au-Prince, est souvent le théâtre d’affrontements meurtriers entre gangs rivaux. Les habitants y vivent sous le contrôle quasi total de groupes armés, sans protection des autorités.
Haïti traverse une crise politique et sociale profonde depuis plusieurs années, aggravée par l’assassinat du président Jovenel Moïse en 2021. L’instabilité a permis à des gangs lourdement armés de s’emparer de larges portions du territoire, transformant une grande partie de la capitale en zone de non-droit.
Malgré l’envoi de plusieurs centaines de policiers kényans dans le cadre d’une mission internationale, la situation reste désespérément hors de contrôle. Ces forces de maintien de la paix peinent à rétablir l’ordre face à des gangs mieux armés et organisés.
Le chaos sécuritaire en Haïti a également eu un impact sur les liaisons aériennes. En novembre, des avions ont été touchés par des tirs alors qu’ils survolaient Port-au-Prince, poussant de nombreuses compagnies internationales à suspendre leurs vols. American Airlines, qui avait initialement prévu de reprendre ses liaisons avec Haïti en février 2024, a annoncé ce week-end qu’elle renonçait à son projet. Spirit Airlines et JetBlue Airways ont également reporté indéfiniment leurs vols vers le pays.
Ce nouveau massacre met en lumière l’ampleur de la crise humanitaire et sécuritaire en Haïti, où les gangs dictent leur loi et où les habitants, privés de protection, vivent dans une peur constante.