PORT-AU-PRINCE, vendredi 8 septembre 2023– Apres avoir purgé une peine d’emprisonnement dans une prison fédérale aux Etats-Unis, l’ancien chef rebelle, Guy Philippe devrait être remis en liberté et déporté en Haïti.
Cependant, il lui faut obtenir ses documents de voyage pour être expulsé vers son pays d’origine.
L’ex-sénateur élu pour un mandat de six ans, qui n’a pas pu siéger au Senat de la République, a été arrêté le 5 janvier 2017 par des agents de la DEA, à sa sortie d’une station de radio à Pétion-Ville, puis transféré le même jour aux Etats-Unis
Philippe a été condamné à neuf ans de prison aux États-Unis pour blanchiment d’argent provenant du trafic de drogues.
Il en a purgé cinq ans et neuf mois. La libération anticipée de Guy Philippe est accueillie avec joie chez ses fanatiques qui souhaitent le voir effectuer un retour en politique.
Il l’a dit lui-même dans ses multiples messages diffusés via les réseaux sociaux, en dépit de « son engagement à revenir dans la société en tant que citoyen respectueux des lois » et à « participer à l’amélioration de sa communauté à Pestel, en Haïti », selon ce que rapporte le quotidien floridien, Miami Herald.
Guy Philippe a toujours qualifié son arrestation d’illégale et son transfert aux Etats-Unis de kidnapping.
Le militant des droits humains, Pierre Espérance estime que c’est une bonne chose qu’après avoir purgé sa peine, Guy Philippe sera déporté en Haïti. ‘‘Il a le droit de retourner chez lui, personne ne peut l’en empêcher’’, déclare-t-il.
« Cependant, Philippe ne devrait prétendre pouvoir occuper aucune fonction politique en Haïti, compte tenu de son statut de repris de justice. Il a perdu ses droits civils et politiques. Il peut voter, mais ne peut pas se porter candidat », soutient le directeur exécutif du réseau national de défense des droits humains (RNDDH).
Espérance estime également que Philippe devrait renoncer à menacer et à intimider certaines personnalités qu’il a souvent accusé d’avoir comploté pour faciliter son arrestation.
Selon lui,’’ Philippe n’a été victime d’aucun complot. Il a payé pour les fautes qu’il a commises. Il a été reconnu coupable de blanchiment d’argent provenant du trafic de drogue’’, insiste Pierre Espérance qui invite Philippe à consacrer le reste de sa vie à motiver les jeunes sur les dangers du trafic et de la consommation de la drogue.
Il a plaidé coupable de blanchiment d’argent pour des sommes reçues illégalement à la fin des années 1990 et au début des années 2000. Ex-haut responsable de la police haïtienne, il aurait reçu selon la justice américaine plus de 1,5 million de dollars de pots de vin pour assurer le transfert sans encombre de cargaisons de stupéfiants transitant par Haïti vers les Etats-Unis.
« Guy Philippe n’a pas fait appel de son jugement. Comment peut-il espérer jouer un rôle politique après avoir plaide coupable pour blanchiment d’argent provenant du trafic de drogue », se demande Pierre Espérance.
Guy Philippe est l’un des instigateurs du coup d’État du 29 février 2004 qui avait renversé le président haïtien Jean-Bertrand Aristide. Son mouvement, véritable bras armé du projet de nouveau contrat social prôné à l’époque par le groupe 184, avait de nombreuses victimes tant au sein de la population civile que parmi la police nationale.