Par Yves Paul LEANDRE
Port-au-Prince, 4 décembre 2020– La mort a enlevé prématurément Me Antoine Joseph Gérard Gourgue, ce vendredi 4 décembre 2020, à l’hôpital du Canapé-vert, où il a été admis le 1er décembre dernier, pour des soins nécessitant son cas, à l’âge de 95 ans.
La nouvelle est confirmée par sa fille, Marina Gourgue, ancienne Secrétaire d’Etat à la formation professionnelle.
Ancien membre du Conseil National de Gouvernement (CNG), du 7 février 1986 au 20 mars 1986, Me Gérard Gourgue qui a passé un mois et treize (13) jours au premier gouvernement post-Duvalier, est un homme politique, avocat, militant des Droits de l’homme, ministre, ambassadeur, enseignant et ancien candidat à l’élection présidentielle d’Haïti en 1987.
L’avocat avait secoué le Gouvernement de Jean Bertrand Aristide, au moment où celui-ci prêta serment au Palais Législatif, Gérard Gourgue prenait investiture le même jour à Pont-Morin, comme Président symbolique de la Convergence Démocratique, le 7 février 2001.
Homme de bon commerce, Me Gourgue a fondé et dirigé pendant plusieurs décennies le Collège Gérard Gourgue avec sa femme Paula Castor, décédée, il y a peu.
Dans l’ouvrage ” le temps des souvenirs” publié par l’Ambassadeur Jean Robert Hérard, il décrit le personnage politique, comme homme fougueux, qui résista aux pressions des hommes de main de l’ex-Président à vie Jean Clause Duvalier. En effet, le vendredi 9 novembre 1979, lors de la conférence de Me Gourgue, Président de la Ligue haïtienne des droits humains) chez les Pères Salésiens, il déclara, en présence de ses agresseurs : ” Je vous demande de garder votre calme, d’observer la discipline pour que vous ne soyez pas les victimes inconscientes des provocations dressées à dessein sous vos pas”.
A cet appel, les macoutes ont mis fin violemment à cette conférence.
Le cinéaste Arnold Antonin, a immortalisé, ce brillant avocat, à travers son film titré : « l’homme par qui le cours de l’histoire aurait pu être changé ». Un court-métrage de 102 minutes, retraçant le parcours remarquable du professeur de droit pénal, Gérard Gourgue.
C’est une grande perte pour le pays de voir partir un de ses fils, un patriote, un homme de belle eau, un tribun. Le pays se souviendra toujours de ses humours, de ses allégoriques, et de son sourire narquois.